Surviving my Mother, la seconde entrée québécoise dans la compétition mondiale, a fait hier très belle impression. À en juger par l'accueil chaleureux qu'elle a obtenu, la nouvelle comédie dramatique d'Émile Gaudreault semble promise à une belle carrière.

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Les photos du film

Quatre ans après Mambo Italiano, le scénariste Steve Galluccio et le réalisateur Émile Gaudreault présentaient hier au Festival des films du monde leur nouvelle offrande. Surviving My Mother (Comment survivre à sa mère est le titre français de ce film tourné dans la langue de Shakespeare) propose un habile dosage de comédie et de drame. Et accroche au passage des thématiques très profondes en s'attardant aux relations - souvent complexes - entre mères et filles.

Mettant en vedette Caroline Dhavernas et Ellen David, le film mise aussi sur les prestations colorées de personnages périphériques, dont plusieurs sont campés par des acteurs québécois francophones. Véronique Leflaguais offre en outre une performance mémorable dans le rôle de la vieille mère malade.

Interrogé hier sur la distribution des rôles, Émile Gaudreault disait avoir fait un travail «épique» à cet égard. «L'opération s'est révélée délicate, car il fallait trouver des acteurs qui s'harmonisent au style de la comédie, tout en étant capables d'aller visiter des zones dramatiques. Cette ligne est très mince. Rares sont ceux qui sont également bons dans les deux registres. Nous avons organisé des auditions et nous avons simplement choisi les meilleurs. Il s'avère que plusieurs d'entre eux sont francophones.»

Le récit s'attarde ainsi aux efforts que met Clara (Ellen David) pour mieux connaître sa fille Bianca (Caroline Dhavernas). Troublée par une requête que lui avait faite sa vieille mère mourante (elle voulait apprendre à «mieux la connaître»), Clara s'est en effet juré de ne pas répéter la même erreur avec sa fille âgée de 21 ans. Le jardin secret de la jeune adulte se révèle toutefois beaucoup plus garni que prévu. La révélation de la véritable nature de Bianca pourrait en effet bousculer bien des choses.

Mieux que dans Mambo Italiano, Galluccio et Gaudreault maîtrisent ici l'art de la réplique assassine qui fait mouche. Malgré la gravité des thèmes abordés, Surviving My Mother fait souvent rire au détour d'une vanne bien envoyée; d'une situation plus incongrue, ou d'un revers inattendu. La grande force du film réside justement dans le fait que l'humour n'emprunte jamais ici un caractère artificiel. Et s'insère parfaitement dans le propos. Dans le contexte d'un récit où l'on évoque la mort assistée, le suicide, la dépendance au sexe, la spiritualité et la filiation familiale, voilà bien un genre de tour de force.

Aussi les auteurs ont-ils évoqué hier les caractéristiques de l'humour campy (un genre d'humour dont Pedro Almodovar est le chantre) pour décrire leur style d'écriture. Ils ont aussi expliqué leur envie de dessiner des portraits de femmes. «Elles font généralement des personnages bien plus intéressants que les hommes sur le plan dramatique. Les femmes sont en tout cas beaucoup plus complexes», a notamment déclaré Galluccio.

«C'est aussi clairement une question d'orientation sexuelle!» a ajouté Gaudreault.

L'idée de départ de Surviving My Mother relève en tout cas de l'expérience personnelle que Galluccio a vécue avec sa propre mère malade. L'auteur avait d'abord écrit une pièce de théâtre mais le projet a pris la forme d'un film dès que la productrice Denise Robert a lu le manuscrit.

«Denise a tout simplement dit qu'elle n'avait pas lu une pièce, mais plutôt le script de mon prochain film!» a expliqué l'auteur.

De son côté, la productrice espère pour Surviving My Mother une carrière à la Mambo Italiano. «Nous comptons présenter le film dans différents festivals et marchés, a-t-elle indiqué. Nous espérons ainsi le vendre dans de nombreux territoires. Nous visons le monde entier!»

Soulignons par ailleurs que la compagnie québécoise Hybride s'est chargée des effets visuels. Des messages de courriels se promènent en effet joliment dans tous les décors que fréquente Bianca.

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Surviving My Mother d'Émile Gaudreault. Aujourd'hui à 14 h au Cinéma Impérial.

Un parfum d'amateurisme

Changement complet de registre avec DP75 - Tartina City, le cinquième long métrage de toute l'histoire du Tchad, a annoncé hier le cinéaste Issa Serge Coelo. Un film dur, terrible. Qui évoque les conditions innommables dans lesquelles on plonge des détenus clandestins dans les prisons souterraines. La dénonciation étant évidemment plus que nécessaire, l'effort se révèle ici très louable. Mais le message passe au fil d'un récit mal ficelé. Faute de véritables moyens, l'ensemble distille aussi un parfum d'amateurisme.

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DP75 - Tartina City d'Issa Serge Coelo. Aujourd'hui à 16 h 30 au Cinéma Impérial.