Le Russe Nikita Mikhalkov présente 12 un remake de Douze hommes en colère de Sydney Lumet sur fond de guerre en Tchétchénie, tandis que l'Égyptien Youssef Chahine dévoile Chaos, vendredi à la 64e Mostra de Venise à la veille de la remise du très convoité Lion d'or.

Les rumeurs de récompenses allaient bon train au dernier jour de la compétition du festival (29 août-8 septembre).

Les films favoris des critiques et du public sont depuis plusieurs jours, La graine et le mulet d'Abdellatif Kechiche, chaleureux portrait d'une famille franco-tunisienne modeste, et Redacted, la fiction coup-de-poing sur la guerre en Irak de l'Américain Brian de Palma.

Pour les prix d'interprétation circulaient, côté féminin, les noms de l'Australienne Cate Blanchett, 38 ans, travestie en Bob Dylan dans I'm Not There de Todd Haynes et de l'Anglaise Kierston Wareing, 31 ans, touchante mère célibataire et patronne abusive dans It's a Free World de Ken Loach.

Mais la Française Hafsia Herzi, 20 ans, extraordinaire dans La graine et le mulet, avait elle aussi ses chances, tout comme la Chinoise Tang Wei, inoubliable dans Se jie, le thriller politico-érotique d'Ang Lee.

Côté masculin, le duo à fleuret moucheté entre les Britanniques Michael Caine et Jude Law dans Sleuth de Kenneth Branagh a fortement impressionné.

Mais à la veille de la remise des prix au palais du cinéma sur le Lido, la compétition se poursuivait avec la présentation de deux dernières fictions.

12 de Nikita Mikhalkov, 62 ans - Les yeux noirs, Soleil trompeur, Le Barbier de Sibérie - est un remake de Douze hommes en colère avec Henry Fonda et signé par Sydney Lumet, qui reçut l'Ours d'or au festival de Berlin en 1957 et était lui-même tiré d'une pièce de Reginald Rose.

Il suit les délibérations d'un jury populaire composé de douze hommes, qui doivent décider par un verdict unanime, de la culpabilité ou de l'innocence d'une jeune garçon tchétchène - latino-américain dans le film de Lumet.

Ce dernier est accusé d'avoir poignardé son beau-père, officier de l'armée russe.

Au départ convaincus qu'il est le meurtrier, onze jurés vont peu à peu se laisser convaincre par le douzième, de l'innocence du jeune homme.

En transposant ce huis-clos théâtral, Mikhalkov fait de ses personnages l'emblème des diverses facettes de la société russe: on y voit un chauffeur de taxi moscovite xénophobe et brutal, un producteur de télévision opportuniste et larmoyant, un chirurgien géorgien en butte au racisme...

Ces hommes d'origine sociale, caractère et conviction très divers vont se dévoiler au fil de délibérations passionnées aux accents tragi-comiques, dans le vieux gymnase qui héberge provisoirement le tribunal.

Assez long - plus de deux heures trente - 12 déroule assez mécaniquement un scénario où chaque personnage se livre au cours d'une confession qui est aussi un morceau de bravoure, tandis que les autres l'écoutent bouche bée.

Grandiloquente, la mise en scène finit par étourdir dans les séquences très dramatisées évoquant la guerre - déluge de feu, cadavres sanglants sous les éclairs et la pluie... - sans fournir au spectateur d'éléments de compréhension sur le conflit tchétchène.

Dernier film en compétition, Chaos de l'Égyptien Youssef Chahine, 81 ans - Le Sixième jour, Le Destin, Alexandrie... New York - raconte une histoire d'amour frustré dans le Caire d'aujourd'hui.