Michael Moore n’est pas capable de voir George W. Bush en peinture. Rien de nouveau sous le soleil, direz-vous, et vous avez parfaitement raison. Qu’importe, le controversé documentariste a cru qu’il nourrissait encore assez d’acrimonie à son égard pour faire un film. Un de trop.

Dans Captain Mike Across America, Moore pose un regard sur sa tournée des États-Unis, à quelques mois des élections présidentielles de 2004, alors que Bush et le candidat démocrate John Kerry était en coude à coude dans les sondages. En 45 jours, le cinéaste à l’éternelle casquette a visité 62 villes afin de convaincre ses concitoyens, surtout les plus jeunes, d’empêcher la réélection de son ennemi juré.

Soixante-deux villes en un mois et demi, il faut vraiment détester quelqu’un. Et s’aimer beaucoup, puisque ce documentaire a toutes les allures d’un hommage que Moore se rend à lui-même, qu’on en juge seulement par le titre. La caméra suit le personnage d’une ville à l’autre, telle une vedette de rock. Bush le menteur, la guerre en Irak, la démocratie menacée par la propagande prorépublicaine des médias, qu’il soit à Seattle ou Madison, tous ses discours finissent par se ressembler.

Il n’y a rien là-dedans qu’on avait vu dans Farenheit 9/11. Le travail de recherche est pratiquement nul. Des témoignages de parents de militaires morts en Irak et des apparitions sur scène de quelques personnalités — Viggo Mortensen, Roseanne Barr, Joan Baez... — permettent d’étirer sur 90 minutes un message qu’on avait saisi après un quart d’heure. La cause est peut-être noble, mais la façon de l’apprêter sent le réchauffé.

Le seul élément d’information pertinent reste les efforts de la Maison-Blanche pour empêcher Moore de tenir des assemblées publiques. Avec le résultat que l’on connaît. Les républicains ont été réélus par la peau des dents.

« Les jeunes ont voté massivement pour Kerry. Malheureusement, leurs parents ont voté pour Bush », est la conclusion du capitaine Moore. Qui jure d’avoir sa tête pour de bon aux présidentielles de l’an prochain. C’est ce qu’on lui souhaite. Et aussi, s’il le peut, de laisser sa caméra à la maison.