Prostituée mineure abusée dans Taxi Driver, victime de viol dans Les Accusés, et policière du FBI traumatisée dans Le Silence des agneaux, la vie au grand écran de Jodie Foster n’a décidément rien d’un jardin de roses. La série noire se poursuit avec The Brave One, sauf qu’elle décide cette fois de se transformer en redoutable vengeresse.

Devant la caméra de l’Irlandais Neil Jordan (The Crying Game, Entretien avec un Vampire), Foster est la victime innocente d’une brutale attaque, lors d’une balade dans Central Park, à New York. Son ami de cœur y laissera la vie. Du coup, l’existence ne sera plus la même pour cette animatrice de radio qui croyait vivre dans la mégalopole la plus sûre au monde. C’est dorénavant avec la peur au ventre qu’elle osera sortir de chez elle.

Pour sa sécurité, elle décidera de s’acheter une arme. Et découvrira qu’il est facile de s’en servir. Une fois, deux fois, trois fois, les malfrats tomberont comme des mouches. Pas de sa faute, la pauvre se retrouve toujours au mauvais endroit au mauvais moment.

On devine la suite. La paranoïa bien installée, et l’habitude aidant, la jeune femme voudra régler le compte des auteurs de l’attentat. C’est sans compter un sympathique policier (Terrence Howard) qui commence à se douter que celle qu’il a pris en affection est le tueur en série qu’il recherche.

The Brave One (L’Épreuve du courage en version française) n’est pas un mauvais film. Jordan signe une mise en scène sensible, voire touchante par moment, particulièrement lors des face-à-face entre la très bonne Foster et l’excellent Howard, sauf que le scénario emprunte quelques raccourcis dans sa façon d’aborder la violence dans les grandes villes. On aurait apprécié un peu plus de nuances.

Clooney dans les magouilles

Le drame juridico-financier Michael Clayton, de Toni Gilroy, ne mouille pas dans la vengeance, mais plutôt dans les grosses magouilles sales. George Clooney, dans le rôle éponyme, est un brillant avocat d’une firme réputée qui apprendra des choses compromettantes en fouillant l’histoire tragique d’un collègue et ami (efficace Tom Wilkinson). Celui-ci menaçait de dévoiler des choses pas très catholiques sur ce qu’une compagnie cherchait à faire pour enrichir ses actionnaires, même à cacher des études médicales sur la nocivité de certains produits. On voudra aussi faire la peau à Michael Clayton puisqu’il en sait trop, mais ce ne sera pas Jodie Foster.

À ses débuts derrière la caméra, le scénariste de la trilogie Jason Bourne, Gilroy, fait montre d’un talent certain, davantage sur la forme que sur le fond. Le scénario est bavard à souhait et assez compliqué à dépatouiller. Un film soigné, très sophistiqué, qui touche davantage la tête que le cœur.

L’orphelinat hanté

Depuis quelques années, les réalisateurs latinos semblent s’être donnés le mot pour faire dans le fantastique.

Après Les Autres, d’Alejandro Amenabar et Le Labyrinthe de Pan, de Guillermo del Toro, voilà que Juan Antonio Bayona s’y risque à son tour avec The Orphanage (L’Orphelinat).

Un couple s’installe dans un ancien orphelinat avec leur gamin adoptif. L’enfant, qui a des amis imaginaires, disparaît mystérieusement. La mère (touchante Belen Rueda) se demande s’il n’a pas été kidnappé par les fantômes des orphelins qui habitaient autrefois le manoir. Elle ira jusqu’à faire appel à une médium pour apprendre que si on a la foi, oui madame, tout est possible, même voir des revenants...

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Bayona a bien appris le petit dictionnaire des trucs d’épouvante. Silences angoissants, bruits louches, portes qui manquent d’huile et qui s’ouvrent toutes seules, vieille bonne femme croque-mitaine, tout y est pour tenter de foutre la trouille au spectateur. Sauf qu’il échoue, pas toujours, mais assez souvent pour donner le goût que ça se termine.