Keira Knightley était de passage au Festival de Toronto hier afin d'accompagner les présentations de deux des films les plus attendus de l'année.Tant dans Atonement, un remarquable drame historique réalisé par Joe Wright, que dans Soie, le roman d'Alessandro Baricco que François Girard vient de porter à l'écran, la jeune actrice se glisse dans la peau d'une femme ayant vécu à une autre époque.

«Mon travail est de donner vie à un personnage fictif, précisait-elle au cours d'une interview accordée à La Presse. Quand le personnage en question est issu du passé, il m'est beaucoup plus facile de plonger. J'ai alors l'impression d'avoir plus de liberté en tant qu'actrice.»

Aucune femme nest pourtant plus éloignée de Cecilia Tallis, le personnage qu'elle campe dans Atonement, qu'Hélène Joncour, cette épouse amoureuse dont la totale abnégation impressionne grandement l'actrice.

La première, héroïne du roman d'Ian McEwan, voit son bonheur sacrifié par un mensonge terrible qu'entretient sa plus jeune soeur par jalousie. La seconde, héroïne du roman de Baricco, assiste à la transformation progressive de son homme au fil des voyages de ce dernier au Japon.

«Cecilia a des failles, fait remarquer l'actrice. Hélène est parfaite à un point où cela en devient presque terrifiant!»

La rencontre entre Keira Knightley et le film de François Girard relève en tout cas presque de l'ordre des choses. L'actrice fait en effet partie de ces nombreux lecteurs qui furent complètement hantés par le roman d'Alessandro Baricco.

«À vrai dire, cette histoire a eu un tel effet sur moi que j'ai développé une véritable obsession! avoue même celle qui fut nommée pour un Oscar grâce à sa prestation dans Pride & Prejudice. J'ai personnellement lu Soie au moins cinq fois. Je l'ai aussi fait lire à tous mes proches. Je possède un exemplaire du livre qui s'est promené d'un pays à l'autre, au fil des voyages que faisaient les amis à qui je le prêtais. C'est un petit bouquin incroyable. Une oeuvre d'écriture remarquable.»

Comme bien des gens, Keira Knightley n'envisageait pas voir un jour ce roman sur grand écran. «Je voyais mal comment cette écriture pouvait être adaptée pour le cinéma, dit-elle. Alors qu'on se fait souvent des images dans sa tête en lisant des romans, ce n'était pas vraiment le cas pour celui-là.»

Puis, un jour, sur le dessus d'une pile de scénarios à lire, celui de François Girard, un cinéaste qu'elle a connu - et apprécié - à travers Le violon rouge.

«Évidemment, j'étais intriguée. Au départ, j'étais déjà presque rassurée par le fait que celui qui était derrière Le violon rouge ait signé l'adaptation de Soie. Le pari de tirer un scénario de ce roman était difficile, mais François Girard était probablement le mieux placé pour le relever.»

Une rencontre entre l'actrice et le cinéaste québécois a ainsi eu lieu à New York. L'accord fut vite conclu.

«François est un homme doté d'une très grande sensibilité, remarque l'actrice. Il est de commerce très agréable. Et extraordinairement calme! J'aime beaucoup la façon avec laquelle il aborde son art, et aussi le regard qu'il pose sur la vie en général. Nous avons vécu de très beaux moments pendant le tournage du film.»

Keira Knightley dit être aussi ravie par le résultat. «Soie est traversé par une atmosphère très zen, analyse-t-elle. Au-delà des images, lesquelles sont magnifiques, j'aime que ce film impose son propre rythme, sa propre musique intérieure.»

«En fait, ajoute-t-elle, le film est exactement comme François l'a souhaité. Il ressemble à mon avis en tous points à ce à quoi il devait ressembler.»

Soie prend l'affiche le 21 septembre; Atonement le 7 décembre.

Six fois Dylan

À la sortie de la première projection de presse de I'm not There, ce fameux film de Todd Haynes orchestré autour d'une évocation de la vie de Bob Dylan, les spectateurs n'étaient pas certains d'avoir tout saisi. En revanche, ils étaient sûrs d'avoir vécu une expérience cinématographique pour le moins singulière.

Le réalisateur de Far from Heaven écarte sans vergogne tout élément qui pourrait ressembler - même de loin - à une approche conventionnelle pour traiter les éléments biographiques de son récit. Il propose plutôt un portrait éclaté, tant dans le style que dans la construction, dans lequel Bob Dylan est incarné par six personnages - et acteurs - différents.

Cate Blanchett, qui vient de décrocher le prix d'interprétation du Festival de Venise grâce à ce film, livre une prestation saisissante dans la peau du Dylan «rock star», probablement celui dont la présence est la plus importante dans ce film.

D'une intelligence redoutable sur le plan de la mise en scène (les chansons sont brillamment utilisées), I'm not There n'en reste pas moins un film très weird qu'il nous faudra assurément revoir. Le film devrait en principe prendre l'affiche le 28 novembre.