Une série d'oeuvres présentées au Festival des films de Toronto retrace l'histoire de groupes phares des années 60 et 70 comme les britanniques The Who et Joy Division, icônes du rock au destin tragique.

Dans Amazing Journey : The Story of The Who, les réalisateurs américain Murray Lerner et britannique Paul Crowder récapitulent l'histoire d'un des groupes mythiques de la british invasion, de sa genèse dans l'Angleterre de l'après-guerre à sa survie actuelle grâce aux baby-boomers nostalgiques.

Documentaire à la réalisation classique, Amazing Journey revient sur la formation et la rapide mutation au début des années 60 d'un groupe de jeunes inconnus formé de Keith Moon à la batterie, John Enwistle à la basse, du guitariste Pete Townshend et du chanteur Roger Daltrey.

«Keith était un génie, John était un génie, j'étais tout près d'être un génie, mais Roger était un chanteur», ironise le principal compositeur du groupe, Pete Townshend, en référence aux débuts du groupe et à son premier succès My Generation en 1964.

L'attitude sur scène des Who est alors plus mordante que celle des Beatles, des Rolling Stones ou des Kinks. Influencé par l'artiste allemand Gustav Metzger, qui détruisait ses propres oeuvres, Townshend cassait sa guitare sur le sol, la lançait dans les amplificateurs, tandis que Keith Moon perforait les peaux de ses tambours.

Avec l'album Tommy en 1969, le groupe prend véritablement son envol. «Nous devenions équilibrés», dit Townshend dans le documentaire, allusion à Roger Daltrey qui avait trouvé sa voix et sa place dans cette formation constituée de jeunes génies du rock.

Amazing Journey revient sur l'ascension vertigineuse des Who en cumulant images d'archives, témoignages récents des membres du groupe encore en vie, Pete Townshend et Roger Daltrey, de leurs différents agents et d'artistes comme Sting, The Edge - le guitariste de U2 - et Noel Gallagher de Oasis.

À la suite de la mort de Keith Moon, batteur légendaire à la consommation de drogue et l'alcool excessive, à l'âge de 32 ans en 1978, le groupe n'a jamais retrouvé son inspiration et son énergie, suggère en filigrane le documentaire.

C'est vers cette époque que naît Joy Division, formation culte dont l'histoire fait l'objet de deux films cette année: Control du photographe néerlandais Anton Corbijn, présenté à Cannes, et Joy Division du réalisateur britannique Grant Gee diffusé en première au Festival de Toronto.

«En 1976, quatre jeunes hommes sans le sou, dans une Manchester post-industrielle, en Angleterre, vont voir un spectacle du groupe The Sex Pistols. Ils forment alors un groupe, Joy Division. Trois ans plus tard il s'agissait d'une histoire d'art, de vie et de mort», résume le film de Gee, réalisateur qui a déjà travaillé avec Radiohead.

Formation sombre, à la basse lourde, aux guitares tranchantes, Joy Division est célèbre pour ces hymnes Love Will Tear us Apart, She's Lost Control et Transmission, mais à la suite du suicide en mai 1980 de son leader Ian Curtis, âgé de 23 ans, le groupe s'est recyclé sous l'appellation New Order et a flirté avec la musique pop.

Moins tragique, Lou Reed' Berlin du new-yorkais Julian Schnabel se concentre sur un concert préparé l'an dernier par Lou Reed en hommage à son album classique, Berlin paru en 1973.

D'autres documentaires présentés au Festival de Toronto sont consacrés à des ténors du rock dont I'm Not There de Todd Haynes qui décompose la vie du chanteur folk américain Bob Dylan en six traits de caractères tous interprétés par des acteurs différents, incluant Cate Blanchett, dont le rôle qui lui a valu le prix d'interprétation féminin à la Mostra de Venise.