Ils sont les trois protagonistes d'Eastern Promises, le nouveau film de David Cronenberg. Rencontrés cette semaine au Festival de Toronto, où le film a été présenté en première mondiale, Viggo Mortensen, Naomi Watts et Vincent Cassel ont à tour de rôle rendu hommage à la démarche du cinéaste canadien.

Viggo Mortensen

Déjà vedette de A History of Violence, l'acteur américain campe cette fois le chauffeur d'une famille criminelle russe installée à Londres. Avant le tournage du film, Viggo Mortensen est allé en Russie afin de s'imprégner de la culture russe et de perfectionner sa maîtrise de la langue. L'acteur est aussi au coeur d'une scène d'anthologie, un combat sanglant qu'il doit livrer flambant nu contre deux tueurs dans un sauna.

«Quand tu tournes avec un cinéaste comme Cronenberg, tu es prêt à tout pour lui donner ce dont il a besoin. La scène du sauna était évidemment très exigeante sur le plan physique. Ma nudité me rendait aussi plus vulnérable. La violence dans le cinéma de David est brutale, viscérale. Elle laisse des traces. Je savais que David serait très exigeant car la démonstration de la violence est au coeur de sa démarche. Je dirais pourtant que le thème principal d'Eastern Promises est plus la compassion que la violence. Les films de David ne donnent d'ailleurs aucune réponse. Je crois qu'il s'agit là de la marque d'un véritable artiste. Les films de Cronenberg survivent au temps et restent toujours pertinents.»

Naomi Watts

L'actrice australienne, qui n'avait jamais tourné avec David Cronenberg, prête ses traits à une sage-femme qui tente de retracer la famille d'un nouveau-né après que la mère adolescente de ce dernier soit morte en couches.

«Avant de le rencontrer, je n'avais de David Cronenberg que l'image que j'avais de lui à travers ses films. Inutile de dire que j'appréhendais beaucoup le tournage, d'autant plus que toute la préparation s'est faite par l'entremise de courriels et d'appels téléphoniques. Quand j'ai enfin eu l'occasion de voir David en personne, je n'en revenais pas de son humour et de sa légèreté. Il est tout le contraire de ses films! Cela dit, j'ai toujours admiré son cinéma, qui n'a de cesse de repousser les limites. J'aime ces artistes avec qui la profession ne sait pas trop quoi faire. Je crois que le gens de l'industrie ont peur de David. Ce qui ne les empêchent pas, remarquez, d'être enthousiasmés par ses films et de lui voler des idées!»

Vincent Cassel

L'acteur français incarne le fils un peu fêlé du chef de la mafia russe de Londres. Vincent Cassel, qui tourne ces jours-ci à Montréal L'ennemi public no.1 sous la direction de Jean-François Richet, n'était pas totalement étranger à l'accent russe puisqu'il avait déjà interprété un personnage russe dans Birthday Girl.

«La première fois où j'ai rencontré David pour parler de ce projet, je revenais justement de Russie. J'ai vu des choses qui ne sont pas nécessairement aussi vilaines que dans le film, mais c'est quand même un peu le Far West là-bas! Je croyais en tout cas que le tournage serait très difficile. Il ne l'a pas été du tout. David travaillant pratiquement avec la même équipe depuis 25 ans, la dynamique est déjà installée. On a qu'à se laisser porter. Sur un plateau, j'appréhende habituellement beaucoup les moments où je dois tourner une scène importante mais pas cette fois. David ne te donne pas d'indications, il te laisse aller. Et il choisit ce qui lui convient. Pour un acteur, cela est très agréable.»