Onze films italiens, la crème de 2005 et 2006. La sélection officielle du festival d'Annecy, consacré aux réalisateurs de la Péninsule. Angelo Mazzone, directeur de l'Institut culturel italien de Montréal, pense avoir trouvé l'antidote à la pénurie de films de son pays au Québec.

« On en voit un ou deux par année, c'est inimaginable, explique M. Mazzone, en entrevue à la Cinémathèque québécoise pendant une projection de presse, cette semaine. Il faut changer cela. J'ai collaboré aux débuts du festival d'Annecy, en 1983. J'ai pensé que présenter ici la sélection officielle donnerait une bonne idée de notre cinéma.»

Jusqu'au 10 octobre, la Cinémathèque et le centre Leonardo da Vinci présentent 12 films italiens inédits à Montréal : la sélection 2005 et 2006 d'Annecy, plus le film Lamerica, de Gianni Amelio, un réalisateur qui s'est récemment fait connaître pour ses films «néo-néoréalistes», avec force gros plans sur des visages marqués par la vie.

Le cinéma italien renoue depuis quelques années avec ses valeurs de gauche, de critique sociale, estime M. Mazzone. «Les films qui ont fait le tour du monde, dans les années 60, étaient le fruit d'un pays pauvre, dit le diplomate. Avec la richesse des années 70, cette veine s'est tarie. Dans les années 90, il y a eu un retour de l'étude sociale, mais avec une veine plus intimiste. Ces dernières années, les propos socioéconomiques, notamment l'intégration au sein de l'Europe, sont de retour.»

Lamerica et E se domani... («Et si demain...»), présentés pour la presse, sont certainement dans cette veine. Le premier, lancé en 1994, suit les affres d'un escroc italien qui se brûle les ailes dans une Albanie tout juste sortie du communisme. On sent un parallèle avec les «années noires» de l'après-guerre, quand de grands pans de l'Italie avaient à peine de quoi se nourrir et marchaient souvent pieds nus. Un ancien prisonnier politique albanais, convaincu qu'il est sicilien, explique au héros que les lettres géantes «Enver Hoxha» - le dictateur albanais mort en 1985 - signifient en fait «Viva Mussolini». Lamerica a été réalisé à un moment où le dégel communiste permettait à l'Italie de revoir son passé colonialiste dans les Balkans.

Avec E se domani... de Giovanni La Pàrola, on change de millénaire. Il s'agit d'un film de genre, avec de nombreuses références aux tics simili-américains de la culture et de la télévision des années 60. Au fil de la pop sirupeuse, des séquences en accéléré et des moues comiques, on suit l'histoire déprimante d'un serrurier qui se ruine pour une flamme de la «scuola media» - une école qui va de la fin du primaire au deuxième secondaire, et qui est synonyme de la préadolescence ingrate en Italie. Les méfaits du capitalisme sont exposés de façon grossière. Mais comme souvent dans les films italiens, l'exotisme d'une société à la fois patriarcale et matriarcale rend le tout charmant.


Clin d'oeil au Festival Annecy cinéma italien, jusqu'au 10 octobre, à la Cinémathèque québécoise (335, boul. de Maisonneuve) et au Centre Leonardo da Vinci (8350-8370, boul. Lacordaire, Saint-Léonard).