C'était une des batailles clés de la Première Guerre mondiale, et une période de deuil et de courage pour les soldats canadiens. Pour l'acteur et réalisateur canadien Paul Gross, sa reconstitution est aussi quelque chose de personnel - c'est l'occasion de remonter en 1917 et de vivre les événements qu'a vécu son grand-père.

Le film canadien Passchendaele, au budget de 20 millions $, se concentre sur l'expérience du grand-père de M. Gross, Michael Dunne, un soldat qui a servi dans le 10e bataillon du Corps expéditionnaire canadien lors de la bataille de Passchendaele, aussi connue sous le nom de troisième bataille d'Ypres. Le film devrait sortir en salle à l'occasion du jour du Souvenir l'an prochain.

Le grand-père de M. Gross, qui a été blessé à trois reprises avant d'être déclaré «invalide» en 1918, n'a jamais parlé de la guerre à ses cinq filles. Mais après de nombreuses questions de la part de son petit-fils, il s'est finalement ouvert lors d'un voyage de pêche, alors que Paul Gross avait 15 ans.

Aujourd'hui, le plateau de tournage du champ de bataille, situé dans une région éloignée au sud-ouest de Calgary, est un tourbillon de terres boueuses, de tranchées, d'arbres morts dénudés de leurs feuillages - une scène sortie tout droit de la Première Guerre mondiale. Des machines simulent une pluie presque constante, du brouillard, et des bruit d'explosions de mortiers.

«Avec tout cela, je peux vous dire qu'il n'y a pas vraiment besoin d'acteurs», a blagué M. Gross pendant une pause jeudi. «Lorsque vous êtes trempé jusqu'aux os, vous avez une bonne idée de ce que ça pouvait être et je ne comprends pas quelle sorte d'hommes pouvaient survivre à cette chose.»

«Nous portons des combinaisons isothermiques et personne ne nous tire dessus et nous nous plaignons, fait remarquer le réalisateur. Le principe veut que nous voyions cela plus ou moins comme le soldat le verrait, alors c'est assez près de cela.»

«Mon grand-père a dit qu'il n'avait aucune idée de ce qui se passait sauf pour ce qui se déroulait à moins de 30 pieds de lui. Mon intention est d'emmener le spectateur à l'intérieur de cette scène, alors c'est très viscéral.»

Le plateau de tournage comprend une réplique d'un village bombardé. Une flèche d'église est visible au-delà d'un colline.

Le film se veut aussi réaliste que possible. On a même fait appel aux services de l'historien militaire Norman Leach pour qu'il puisse en observer les menus détails.

«Nous n'avons pas 15 000 soldats qui chargent les montagnes, mais au chapitre des uniformes, des paysages et des accessoires, tout cela est 100 pour cent authentique», a affirmé M. Leach.

«Si ce que nous voyons pendant le tournage passe le test de l'écran, ce sera une de ces ouvertures de grands films qui vous aspire et vous tient en haleine pour les prochaines 90 à 120 minutes, et ce que je vois tous les jours a le potentiel pour faire cela.»

Le projet a mis dix ans avant de décoller, ce qui est long même d'après les normes de l'industrie, a noté le producteur exécutif Niv Fichman. «Celui-là a mijoté un long moment et plus il mijote longtemps, meilleur il devient. C'est comme un bon vin.»

La bataille de Passchendaele a commencé à la fin de juillet en 1917 et s'est poursuivie jusqu'en novembre. Le but de la campagne était de traverser les lignes ennemies et de détruire les bases de sous-marins allemandes sur la côte belge. Mais des pluies diluviennes, les plus fortes en 30 ans, ont transformé la région en marécage. Les anciens combattants ont longtemps fait référence à cette bataille comme «la bataille de la boue».