L'échec de L'âge des ténèbres en France est consommé. Et il est «cuisant», comme l'a résumé mardi le quotidien Le Parisien. On estime même désormais que le film de Denys Arcand aura du mal à franchir le seuil des 100 000 spectateurs.

Le sort de L'âge des ténèbres s'est scellé très vite. Mercredi, pour sa deuxième semaine d'exploitation, le film perd près d'une centaine de salles, ne conservant que 169 des 260 écrans sur lesquels il avait pris l'affiche mercredi dernier. À Paris, il en garde une douzaine sur 15.

??l'évidence, Studio Canal (groupe Canal Plus) n'a pas voulu pratiquer d'acharnement thérapeutique. En resserrant de la sorte le nombre de salles, explique-t-on, le distributeur espère profiter d'un «report d'entrées» qui apporterait un peu d'oxygène à Jean-Marc Leblanc (le personnage principal joué par Marc Labrèche) avant l'issue fatale. Il reste que dans une quinzaine de jours, la carrière française de L'âge des ténèbres sera belle et bien finie.

Cinq jours après avoir pris l'affiche, le long métrage, qui raconte la vie d'un fonctionnaire frustré échappant par le rêve à son quotidien sordide, n'avait été vu que par 40 396 spectateurs à travers la France, soit une moyenne de 155 entrées par écran. Il se classait au 11e rang du box-office.

Qu'il parvienne ou non à passer le cap des 100 000 entrées, L'âge des ténèbres apparaît désormais comme un des échecs les plus sévères de l'histoire du cinéma québécois en France.

Il rejoint notamment Les Boys 2, dont la sortie en 1999 avait été un bide spectaculaire. Très mystérieusement, un distributeur français s'était entiché de cette comédie et l'avait programmée dans 115 salles, ce qui s'apparentait à une forme de suicide commercial. Et on ne compte plus les films d'auteurs qui ont eu droit à des sorties plus ou moins confidentielles et classées sans suite.

Dans le cas de L'âge des ténèbres, la situation est différente. Présenté en France comme le troisième volet d'une trilogie regroupant aussi Le Déclin de l'empire américain et Les Invasions barbares, le nouveau Denys Arcand était très attendu.

??part trois ou quatre journaux, l'ensemble de la critique avait cependant démoli L'âge des ténèbres lors de sa sortie nationale. Les Inrockuptibles l'avait notamment qualifié de «film de vieux con», tandis que Le Nouvel observateur l'avait trouvé «bête, interminable et désolant».

La rumeur publique ne s'étant pas montrée plus enthousiaste, aucun bouche-à-oreille n'est venu renverser la tendance. Déjà le soir de l'avant-première à la mi-septembre sur les Champs-Élysées, le ton avait été donné. Projeté devant une salle pleine d'invités et de nombreuses vedettes, L'âge des ténèbres avait été accueilli sans chaleur excessive. Et les applaudissements, polis mais brefs, s'étaient tus bien avant la fin du générique, avait constaté La Presse Canadienne, présente lors de la projection.