Un premier rôle dans le long métrage La capture? Un de plus pour Catherine de Léan. Depuis trois ans, c'est vélo, boulot, peu de dodos pour l'actrice!

Décrocher un premier rôle a parfois ses inconvénients. Comme celui d'avoir à sacrifier sa chevelure brune pour une coloration «Paris Hilton». «C'est pour un rôle, lance Catherine de Léan, d'entrée de jeu à la journaliste qui s'apprête à lui faire une remarque sur ses mèches blondes. Ce n'est pas moi. Intérieurement, je suis restée une brune!»

Brune, baveuse, belle et rafraîchissante dans un milieu où l'on a tendance à peser ses moindres paroles, à ménager les susceptibilités. Catherine de Léan a le je-m'en-foutisme agréable.

«J'ai eu 27 ans le 27 avril, glisse-t-elle. 2007 est donc mon année chanceuse. Mais comment est-ce que ça pourrait aller mieux pour moi?»

En trois ans, de Léan a joué les fauteuses de troubles dans La vie secrète des gens heureux, les ados bitch dans À vos marques... Party!, les amoureuses paraplégiques dans C.A. et les actrices débutantes dans Les hauts et les bas de Sophie Paquin. «J'en profite, car je ne sais pas combien de temps ça va durer, mentionne l'actrice. C'est du temps de glace. Les rôles sont tous très différents. On gagne en détente sur les plateaux. Si ça continue, dans 10 ans, je vais être une maudite bonne actrice!»

Récemment, Catherine de Léan a pu parfaire son jeu sur le plateau de La capture de Carole Laure (en salle vendredi), dans la peau de Rose, une fille de 20 ans qui tente de convertir son père violent en humain et sortir sa mère de l'enfer. «Rose, c'est Électre, une fille profondément blessée qui veut symboliquement tuer son père.»

C'est la deuxième fois qu'elle se fait diriger par une femme. «Le rapport n'est pas pareil. Tu peux moins user de tes charmes...»

«Carole est la femme la plus déterminée que j'ai rencontrée, ajoute de Léan. Ça s'est bien passé, mais le processus fut difficile à cause du rôle. Carole est très directive. Elle savait exactement ce qu'elle voulait. Je n'avais pas vraiment mon mot à dire. Sur le tournage, j'ai d'ailleurs trouvé mes premiers cheveux blancs. Jouer est stressant, surtout quand on te dit que le film repose sur tes épaules.»

On rappelle que, malgré une liste impressionnante de rôles à sa fiche personnelle, Catherine de Léan a à peine trois ans de métier. Une convocation à une audition, un jour. La confirmation d'une participation à une série télé, le lendemain. On imagine que son téléphone ne dérougit pas. Son téléphone à la maison. Car même si ça roule, la belle a décidé de lutter contre l'acharnement technologique. De vivre en 2007 comme en 1987, sans devoir rien à personne dans la seconde. Quel numéro donne-t-elle aux directeurs de casting? «Je n'ai pas de cellulaire. Je résiste. Je considère qu'il n'y a pas une réponse à un appel qui ne puisse attendre 12 heures, même si les gens du milieu sont tout le temps rushés. Et puis, je déteste les entreprises de téléphone!»

Cela dit, Catherine de Léan reçoit les convocations en audition avec plaisir. «J'adore! C'est comme si je m'y rendais en m'en foutant. Comme si je disais aux gens devant moi: vous ne me faites pas peur. J'angoisse davantage une fois qu'on m'a choisie pour un rôle!»

Ces dernières semaines, par contre, les auditions se font plus rares car l'actrice travaille concrètement. «Je suis dans le jus!» lance celle qui passe ses journées sur le plateau du prochain film de Sébastien Rose, ses soirées sur les planches ou à la préparation de la première pièce de sa compagnie théâtrale Les cousines Canine.

Difficile d'entrevoir un quotidien sans projet pour la belle. Et si le calme plat l'attendait prochainement? «Je me prépare toujours au moment où je n'aurai pas de travail. De toute façon, j'aime prendre le temps de vivre, me lever le matin, faire la cuisine, lire, m'informer.»

Lever de soleil... à vélo 

Malgré les nombreux chèques de paye encaissés, Catherine de Léan fait encore dans la demi-simplicité volontaire. «Je me déplace surtout en vélo, dit-elle. Même les jours de pluie. C'est mon work-out, ma liberté. Ça ne pollue pas et je n'ai pas à attendre l'autobus ou le métro. À 5h30, quand je pars pour une journée de tournage en ville, il n'y a personne dans les rues. Je roule en observant le lever du soleil. C'est génial. Ça me permet de décompresser.»

Avoir du temps permet aussi de garder les deux pieds sur terre. Cette finissante du Conservatoire d'art dramatique avoue avoir un peu oublié qui elle était, il y a deux ans. «La vie secrète, À vos marques... et Sophie Paquin sont arrivées en même temps, raconte-t-elle. C'était déstabilisant. J'étais dans un tourbillon. Les stars qui deviennent nombrilistes ne sont pas toutes connes. C'est le métier qui nous rend comme ça. Tout est centré sur nous, on nous chouchoute... C'est étourdissant.

«Un jour, quelqu'un de proche est mort et ça ne m'a même pas atteint. Comme si j'étais sur un high. Quelqu'un m'a alors dit: te rends-tu compte que cette personne s'est suicidée? Heureusement, je suis partie en voyage peu de temps après. En Croatie, en Bosnie et à Berlin où j'ai repris contact avec mes besoins de base. C'est moi qui observais les choses tout à coup.»

Catherine-la-brune est ainsi redevenue anonyme avant de devenir Catherine-la-fausse-blonde. Et vous ne la prendrez jamais à refaire sa Paris Hilton dans la vie!