Programmation riche, activités en tous genres: pour sa 36e édition, le Festival du nouveau cinéma séduit et surprend encore. À la direction du festival depuis le mois de mars, Nicolas Girard Deltruc. Ce Français de 31 ans, passionné de cinéma, nourrit pour le FNC de grandes - et belles - ambitions.

Le Festival du nouveau cinéma (FNC) avait bien failli laisser sa peau dans le feuilleton des festivals qui a secoué Montréal il y a deux ans. Finalement, c'est le contraire qui s'est produit pour le FNC, dont l'équipe a pris un coup de neuf et un coup de jeune. Du côté de la programmation, on retrouve des coups de coeurs façon Claude Chamberlan (notamment le film d'ouverture du FNC, l'épopée gastronomique Durs à cuire, de Guillaume Sylvestre), en plus d'une flopée d'événements nouveaux médias et spéciaux mijotés par - entre autres - Philippe Gajan, Julien Taïb, Nicolas Rousseau et Gabrielle Tougas-Fréchette.

«Le Festival a toujours voulu être à l'avant-garde, tant dans le contenu que du point de vue de la diffusion. On a une programmation de 300 films, mais le contenu va peut-être changer au fil du temps, estime Nicolas Girard Deltruc. Si on veut toujours rester présent, il faut réfléchir aux changements technologiques, essayer de prévoir à quoi ressemblera une salle de cinéma dans 10 ans.»

Cette année, le FNC a installé ses quartiers à la Société des arts technologiques. Du côté des nouveaux médias, Le futur du cinéma? explore l'avenir du septième art avec les arts médiatiques, visuels et les jeux vidéo. Entre expositions et conférences-discussions, on pourra voir Late Fragment, le premier long métrage de fiction interactif au Canada.

La rencontre entre cinéastes, cinéphiles et ingénieurs est, pour le FNC, l'un des incontournables pour les prochaines années. «Les frères Lumière, ce sont des ingénieurs, pas des artistes», rappelle Nicolas Girard Deltruc.

Du côté des événements spéciaux, la SAT ouvre ses portes à des performances musicales tous les soirs (avec, entres autres invités, DJ Napoléon), en plus de rencontres consacrées au cinéma suisse (Cocktail Suisse, ce soir à 17 h) ou aux reportages en temps de guerre (mardi à 17 h). Le tout est gratuit : «On veut rassembler le plus de gens possible», souligne le directeur.

L'âme du Festival

Autre défi pour le Festival du nouveau cinéma : sa pérennisation. «On a une équipe de passionnés», estime Nicolas Girard Deltruc, espérant que, dans les prochaines années, cette équipe puisse travailler toute l'année pour mettre sur pied des activités continues.

«On aimerait reprendre Magnifico (NDLR: une antenne estivale du FNC). Avec le boulevard Saint-Laurent, une fois les travaux terminés, c'est un potentiel gigantesque, tout cette rue vivante et effervescente, juge-t-il. Le festival a une âme. C'est plus qu'un festival; c'est une expérience humaine.»

Le Festival compte bien se donner les moyens de ses ambitions, en trouvant de nouveaux modèles de financement. Cette année, le FNC - dont le budget, en argent et en services, avoisine les 2 millions de dollars - a créé un partenariat avec l'un des acteurs majeurs de téléphonie cellulaire au Québec. «Avec Fido, on a fait une campagne intégrée, et ça c'est nouveau», explique-t-il, sans toutefois révéler à combien se chiffre le bénéfice de ce partenariat pour le FNC.

Enfin, le Festival espère pouvoir s'imposer comme l'un des lieux de rencontres entre entreprises montréalaises, acteurs du milieu culturel et artistes. «Ici, il y a une véritable exception culturelle, il n'y a pas d'équivalent dans le monde. Montréal et le Québec ont acquis une crédibilité internationale avec des artistes, humoristes, musiciens, réalisateurs qui sont autant d'ambassadeurs du Québec.»

Pour le cinéma québécois et canadien, le FNC pourrait bien nouer des relations privilégiées avec d'autres Festivals de cinéma nord-américain (dont celui de Miami). Tout en restant fidèle à son état d'esprit : «On n'a pas la prétention de faire concurrence à Cannes ou à Venise. On est proche de ces festivals, on se nourrit d'eux, mais on veut quelque chose d'autre qui soit basé sur l'aventure de l'image.»