Ce n'est pas sans raison si les éducateurs vantent les vertus du ballon ovale. À plusieurs égards, le football symbolise de grandes leçons de vie. Les scénaristes l'ont compris pour pondre parfois de véritables fables.

Mon amour pour le football est arrivé, en partie, par le grand écran. C'est un film de Robert Aldrich (The Longest Yard, 1974) qui m'a fait tout comprendre de cette allégorie sociale exprimée sur une plaine gazonnée.

Dans ce classique, Burt Reynolds joue un rôle de quart-arrière déchu qui se retrouve au pénitencier. Mêlé malgré lui à une combine du directeur, il doit entraîner une équipe de prisonniers en vue d'un match contre les gardiens de prison. Oubliez la farce qu'en a faite Adam Sandler dans le remake d'il y a deux ans. Le film d'Aldrich, au second degré, est une inspiration pour les marginaux et les laissés-pour-compte.

Essayez donc, juste pour voir, de trouver un autre sport qui célèbre autant la différence des individus dans la société. Pas besoin de comprendre grand-chose à la formation en Y pour saisir qu'une équipe de joueurs trop semblables, comme n'importe quel groupe ou peuple, ne peut pas espérer se rendre bien loin.

Au football, chaque athlète trouve une position calquée à son image. Les gros aux premières lignes, les rapides sur les ailes et sur la tertiaire, les tracteurs pour faire avancer le ballon, les intuitifs sur la seconde ligne, les analytiques comme quart-arrière. Le football est un sport hautement démocratique.

Vous direz que la leçon de vie constitue l'essence de n'importe quel sport, donc aussi de n'importe quel drame sportif. On trouve au cinéma plein de bonnes histoires de boxe, de baseball, de soccer ou même de marathon. Suffit de penser à The Natural, Raging Bull ou encore Million Dollar Baby.

(Non, oubliez le dernier exemple. Ce superbe film de Clint Eastwood se déroule dans l'univers du ring, mais ce n'est pas un drame sportif. Son propos est ailleurs, d'une universalité éblouissante.)

Mais ces sports individuels, même le baseball, se prêtent mal à la métaphore sociale. Le football, par sa complexité et ses joueurs nombreux, représente beaucoup mieux nos aspirations collectives. Ses règles ne privilégient pas l'individualité. Elles prônent le développement de l'individu au bénéfice d'un mouvement de groupe.

Avec une telle force symbolique, un scénariste peut aborder n'importe quel aspect de la vie en société, que ce soit la mixité raciale (Remember The Titans), le deuil collectif (We Are Marshall), le déclin d'une ville (Friday Night Lights), la pauvreté communautaire (Invincible) ou même l'intégration sociale (Radio).

À l'inverse, le football peut dénoncer bien des excès de la société. Tenez, par exemple, dans Varsity Blues, un élève d'école secondaire ingurgite du sirop de maïs comme d'autres avalent du Gatorade dans l'espoir d'élever son poids à celui d'un joueur universitaire.

Pas crédible, dites-vous? Pas selon les observateurs interrogés à la sortie du film.
Parle-t-on ici vraiment de football? Ou de troubles alimentaires provoqués par un système sain au départ, mais qui déraille à un moment donné? La transposition dans nos propres vies devient sans limite.

À la fin du film d'Aldrich, Burt Reynolds remet le ballon au directeur de prison. Une manière de dire qu'il a repris sa vie en main et que c'est désormais au directeur retors de se remettre dans le droit chemin.

Bref, la vie offre à chacun son ballon. À nous de savoir le porter.

Leurs cinq films de football préférés

> André Laroche, Journaliste aux arts

1- Friday Night Lights : Pour ses images et son montage hors de l'ordinaire qui font ressortir tout l'importance du football dans une petite ville américaine en déclin.

2- The Longest Yard : Pour son célèbre cri «Mean Machine!»

3- Remember The Titans : Pour toute la reconstitution d'une époque marquante. Et quelle musique!

4- Jerry Maguire : Pour Cuba Gooding jr qui chante «Show me the money».

5- Cheaper By The Dozen : Pour la conciliation football-famille à la sauce Steve Martin.

> Pascal Morin, Journaliste sportif

1- Rudy : Ce film est un excellent exemple de persévérance. Franchement inspirant.

2- Remember the Titans : Une autre performance extraordinaire de Denzel Washington.

3- Radio : Tout simplement touchant.

4- Varsity Blues : Un des meilleurs films d'ado!

5- Jerry Maguire : Bon mélange entre film de sport et drame sentimental.

> Jean-Benoît Jubinville, Entraîneur-chef des Volontaires du Collège de Sherbrooke

1- Rudy : Je pense toujours à Philippe Beaubien (du Vert & Or) qui, avant chaque match à l'école secondaire, regardait ce film.

2- The Program : On y voit toute l'importance du football aux États-Unis.

3- Remember The Titans : Cette histoire vécue va plus loin que le football. C'est un exemple de la lutte des droits des Noirs.

4- Invincible : Un gars qui n'avait jamais joué à l'université devient professionnel. Un bel exemple de détermination.

5- Varsity Blues : Pour la disparition des coachs dictateurs au bénéfice des coachs éducateurs.

> André Bolduc, Entraîneur-chef du Vert & Or de l'Université de Sherbrooke

1- Remember The Titans : L'intensité des images est remarquable.

2- Any Given Sunday : Une bonne incursion dans le football professionnel. Évidemment, c'est exagéré. Aucun athlète ne peut se rendre loin avec ce rythme de vie (femmes et drogues).

3- The Longest Yard : Pour Burt Reynolds, tout simplement.

4- The Program : Ce n'est pas trop collé à la réalité, avec plein de gars dopés aux stéroïdes. Mais c'est un bon clin d'oeil aux excès de l'entraînement.

5- We Are Marshall : Si l'on veut comprendre le sentiment d'appartenance d'une ville envers son équipe, c'est le film à voir.

> Jean-François Joncas, Entraîneur-chef des Cougars du Collège Champlain

1- Rudy : Malgré des portes fermées devant lui, un gars réalise son rêve. Super bonne histoire.

2- The Program : Pour voir le football universitaire américain de l'intérieur. Le recrutement, la vie sur les campus...

3- Any Given Sunday : De bonnes prises de vue et beaucoup d'action.

4- The Longest Yard : Tout simplement drôle avec du football physique et de l'équipement rudimentaire.

5- Friday Night Lights : Belle image de la camaraderie à l'école secondaire. En plus, la musique est bonne.