Malgré ses problèmes de financement, l'industrie du cinéma québécois est un modèle à suivre aux yeux du Mexique.

La participation active des réseaux de télévision comme Radio-Canada et TVA dans la promotion et la diffusion de films réalisés dans la Belle Province, les crédits d'impôt ainsi que l'existence du Fonds canadien de télévision font l'envie de l'Institut mexicain de cinématographie (IMCINE).

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«Ça fait longtemps qu'on observe ce qui se passe au Québec», a lancé la directrice générale d'IMCINE, Marina Stavenhagen, lorsque La Presse l'a rencontrée à son bureau situé au centre-ville de Mexico. En poste depuis un peu moins d'un an, elle a découvert le fonctionnement du système québécois à la suite de nombreuses rencontres avec les représentants de la délégation du Québec à Mexico.

«Lorsque Marina Stavenhagen a pris la tête de l'organisme, le cinéma mexicain éprouvait des problèmes de financement, explique Dominique Decorme, attaché culturel de la délégation du Québec. On a donc communiqué avec elle pour lui expliquer comment fonctionnait notre système. Et c'était une bonne façon pour nous de tisser des liens avec le milieu du cinéma mexicain», ajoute-t-il. Selon lui, IMCINE pourrait donc tenter d'élaborer une formule qui s'apparente aux crédits d'impôt, apprêtée à la sauce mexicaine.

Par ailleurs, en plus du financement, le cinéma mexicain éprouve également une autre difficulté: se faire une place aux côtés des films en provenance des États-Unis. À l'affût de ce qui se fait à l'extérieur des frontières du pays, IMCINE souhaite, à l'instar du Québec, que les chaînes mexicaines participent à l'essor du cinéma au pays. Rejoindre les Mexicains dans le confort de leur salon. Voilà l'un des objectifs poursuivis par l'organisme. Pour faire contrepoids à l'omniprésence des films américains sur les écrans de cinéma, IMCINE souhaiterait que les chaînes de télévision mettent leur grain de sel en diffusant des longs métrages réalisés au pays, explique Mme Stavenhagen.

«On a de la difficulté à sortir sur des écrans», dit-elle. La directrice générale cite d'ailleurs en exemple le cas du film El Violin, du réalisateur mexicain Francisco Vargas, qui n'est sorti que sur 20 écrans dans tout le pays. «Pour le moment, on n'a pas les moyens de lutter contre Shrek, poursuit-elle. Il faut se réapproprier le marché.»

Autre fait à considérer: à peine 6 % de la population mexicaine fréquente les cinémas. Peu de gens ont les moyens de s'offrir un billet d'entrée qui coûte environ 4 $CAN, explique Mme Stavenhagen. Et ceux qui y vont optent davantage pour des films américains. Par exemple, les familles mexicaines vont généralement pencher pour The Simpsons plutôt que pour La Santa Muerte, un film mexicain réalisé par Paco del Toro, sorti récemment en salle. La télévision, présente partout dans les restaurants, les cafés, les bars, est donc une bonne solution de rechange pour faire découvrir à la population les films qui sont réalisés là-bas. Pour le moment toutefois, aucun projet concret en collaboration avec une chaîne de télévision n'est sur la table.

Relations Québec-Mexique

Pendant ce temps, la délégation du Québec ainsi que les Rendez-vous du cinéma québécois continuent de travailler d'arrache-pied pour tisser des liens avec le milieu du cinéma mexicain. Et ces efforts semblent porter fruits. À preuve, à l'occasion du prochain Festival de cinéma de Guadalajara, en mars, les organisateurs ont prévu un volet québécois. Des réalisateurs et des acteurs de la province se rendront donc sur place pour y présenter leurs films.

Il reste toutefois beaucoup de travail à faire, souligne Dominique Decorme. «Il y a un problème de base: les gens du cinéma québécois et mexicain ne se connaissent pas, admet-il. Nous voulons que les artisans du Mexique - comme les gens d'IMCINE - connaissent nos films. Nous leur avons d'ailleurs fait parvenir C.R.A.Z.Y.» Et d'autres oeuvres suivront, promet-il.