Robert Redford s'est livré vendredi à une charge en règle contre la classe politique américaine, en marge de la promotion de son prochain film comme acteur et réalisateur, Lions et agneaux.

«Oui, je suis inquiet pour l'avenir de mon pays», a-t-il répondu aux journalistes qui l'interrogeaient dans un palace parisien sur son film, dans lequel il campe un vieux professeur de sciences politiques qui tente d'élever la conscience d'un étudiant brillant, mais qui rechigne à s'engager pour faire changer les choses.

«Ma patrie est en danger», a estimé Redford, qui dénonce la société de l'information dans laquelle baignent les États-Unis, où les discours lénifiants et autres bla-bla des politiques ôtent à tout un chacun la liberté d'agir en son âme et conscience.

«Au temps du maccarthysme ou du Watergate, la jeune génération s'engageait moralement dans la lutte», poursuit-il. «Pour la Guerre du Vietman, on l'enrôlait de force sans lui donner même d'explication. Mais aujourd'hui, on ne demande qu'une chose à notre jeunesse, c'est de consommer un maximum et si possible de le faire en restant assis derrière son écran, branché sur Internet», déplore l'acteur-réalisteur oscarisé de 71 ans.

Évoquant la distribution du film dans lequel on retrouve Tom Cruise et Meryl Streep, Redford dit de cette dernière, qui incarne une journaliste de télévision, que son rôle illustre la difficulté que rencontre aujourd'hui la presse à rester objective, depuis qu'elle devient majoritairement la propriété de grands groupes financiers, donc, conservateurs.