C'est une belle habitude, une résolution automnale maintenue depuis des années: à la fin octobre, veille du Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue, Jacques Matte traverse le parc de la Vérendrye pour passer quelques jours à Montréal. «Je le fais depuis 20 ans», dit le président-fondateur.

Cette fois, sa visite lui a permis de rappeler que Le peuple invisible, deuxième documentaire de Richard Desjardins, lançait les festivités, hier soir. L'inscription du film à la programmation (présenté en première mondiale) a fait courir les foules aux guichets. «Cinq supplémentaires ont été ajoutées, mentionne Matte. Ce documentaire était attendu. Il va faire sa marque, parce qu'il raconte l'histoire du Québec, les relations entre Blancs et Autochtones. Ce film appartenait d'abord à l'Abitibi.»

En tout, 22 longs métrages, 59 courts et moyens métrages et 37 animations de 23 pays (des États-Unis à Israël, en passant par l'Argentine et l'Allemagne) seront projetés pendant les six jours du festival. Les productions québécoises dominent toutefois (La capture, La belle empoisonneuse, Continental, un film sans fusil, L'âge des ténèbres, La brunante, Sans elle...).

Heureusement pour les festivaliers, les bobines arrivent rarement seules à Rouyn-Noranda. Artisans, réalisateurs et acteurs y ont été invités. Dans les prochains jours, Carole Laure, Pascale Bussières, Isabelle Blais, Fanny Mallette, Gilbert Sicotte, Fernand Dansereau, Denise Robert, Marc Labrèche franchiront les portes du Théâtre du cuivre, lieu principal des projections. Et on ne nomme ici que quelques-uns des nombreux invités attendus.

C'est que le Festival sait charmer et accueillir son monde. «Dès la première année, les représentants des médias sont venus en grand nombre, car on avait organisé une visite à la Baie-James, raconte Matte, heureux de voir débarquer de la grande visite chaque année. Au 10e anniversaire, Serge Gainsbourg est venu faire son tour.»

Comment vend-on le Festival (qui bénéficie d'un budget de près de 700000$) aux étrangers? «On vante l'événement autant que la région qui est méconnue des Européens et même des Montréalais, explique Matte. Le mi-Nord canadien fait rêver. Les forêts, les lacs... Ce sont des symboles de liberté.»

Cela dit, l'événement est loin de n'être qu'un festival de gens de l'industrie du cinéma. Le tiers de l'assistance est composé de Rouynorandiens (le quart provient de l'extérieur de l'Abitibi). «Les premières années, on se demandait si on allait avoir des spectateurs pour les représentations de l'après-midi, se rappelle Matte. Finalement, les gens prennent des vacances pour assister au festival. On attire même les adolescents grâce à des volets comme Espace Vidéo. En parcourant la ville, des visiteurs nous ont déjà dit: personne ne travaille ici!»

Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue, jusqu'au 1er novembre 2007, à Rouyn-Noranda.