Ni la grève qui a paralysé les transports publics en France, ni l'«affaire» Patrick Huard n'ont réussi à assombrir mercredi soir l'inauguration de la 11e édition de Cinéma du Québec à Paris.

Solidement installée désormais dans le paysage culturel parisien, la manifestation s'est engagée devant une salle comble au cinéma Publicis, sur les Champs Élysées. Projetés en séance d'ouverture, Les 3 p'tits cochons ont reçu un accueil extrêmement chaleureux.

Joueurs et en pleine forme, les trois vedettes du film, Claude Legault, Guillaume Lemay-Thivierge et Paul Doucet, avaient fait le déplacement pour assister à la projection. Le réalisateur Patrick Huard était en revanche absent. La veille, il avait fait savoir au Journal de Montréal qu'il bouderait cette semaine du cinéma québécois sous prétexte qu'on a refusé de lui payer un billet d'avion en classe affaires.

Certains invités étaient au courant de l'incident, mais l'affaire n'était pas sur toutes les lèvres, loin de là. Il serait grandement exagéré de penser qu'il y a eu «scandale». En tout cas, à la Sodec, on a pris la chose avec philosophie, estimant que la bouderie de Patrick Huard visait d'abord à dénoncer un «certain esprit» dans le milieu du cinéma québécois.

«Son producteur nous a fait savoir que nous n'étions pas visés par les déclarations de Patrick Huard», ont dit d'une même voix le président de la Sodec, Jean-Guy Chaput, et son commissaire européen, Christian Werber.

Dans un discours juste avant la projection, Jean-Guy Chaput avait rendu un hommage appuyé à «tous les comédiens» qui viennent soutenir le cinéma québécois en France, et «qui ne sont pas rémunérés» pour ça. Il a assuré après coup que cela ne se voulait nullement une allusion à Patrick Huard.

«L'incident est clos», a conclu de son côté Christian Verber. La Sodec ne rémunère pas les artistes qui viennent en France, pour assister à des festivals et défendre la production québécoise. Mais elle leur paye l'hôtel et un billet d'avion en classe économique.

«C'est la règle, a expliqué Jean-Guy Chaput. Mais un producteur peut décider de payer la différence si un comédien veut faire le voyage en classe affaires.»

Les 3 p'tits cochons n'ont pas encore trouvé de distributeur en France. Mercredi soir, le film de Patrick Huard a reçu un accueil tout à fait comparable à celui qui avait été réservé à La Grande Séduction ou à C.R.A.Z.Y. À l'époque, les deux longs métrages avaient été projetés, eux aussi, en séance d'ouverture de Cinéma du Québec. Cela ne leur a pas nuit, comme on le sait.

Christian Werber, qui possède un flair incomparable pour ces choses-là, est confiant. «C'est un film réussi qui devait faire une belle carrière en Europe», a-t-il prédit.