Faut-il présenter André Roy aux fans de cinéma? Écrivain et critique de cinéma (24 images), André Roy a publié le Dictionnaire général du cinéma: du cinématographe à Internet, paru aux éditions Fides.

Fruit d'un long et méticuleux travail, le dictionnaire compile ce qui a trait au Septième art, aussi bien dans ses expressions artistiques que techniques, ou, enfin, à l'industrie elle-même. Ce dictionnaire, s'il recense des mots inconnus, voire exotiques, à l'oreille du profane (comme «diorama»), trouve le bon équilibre entre simplicité et précision.

Q : Pourquoi avoir choisi de publier un dictionnaire général sur le cinéma?

R : J'ai deux raisons. Et il y en a une sérieuse (rires). La première, c'est que je devais faire une recherche sur le cinéma, et je me suis aperçu qu'en français, il n'existait pas de dictionnaire. Comme c'était un long travail que je devais publier, je me suis dit que j'allais le faire. On était en 1993, et je pensais publier pour les 100 ans du cinéma en 1995, ou en 2000. Finalement, ça a pris beaucoup de temps, et ça a été cher à faire. La deuxième raison, c'est que faire ça est un travail presque absurde, mais ça me satisfait. Ça m'a appris d'où je venais en cinéma.

Q : Comment avez-vous organisé vos recherches?

R : J'en connais un brin sur le cinéma (rires)! Alors en premier j'ai consulté d'autres dictionnaires, et un linguiste. J'ai repassé toutes les histoires du cinéma, je suis allé à l'ONF, j'ai écrit aux grandes compagnies et je suis allé chercher beaucoup de documentations aux États-Unis. Chaque entrée a été vérifiée deux fois.

Q : Pourquoi vous intéresser au cinéma en tant qu'art, mais aussi technique et industrie?

R : Industrie, parce que l'industrie du cinéma existe depuis le XIXe siècle. Il y a eu les grandes majors américaines, et une industrie autour de la production, de la diffusion et de la projection. Et technique, parce que c'est comme tout ce qui rentre dans la fabrication du cinéma, il y a tout le processus chimique. C'est un dictionnaire général, donc c'est complet. Mais un dictionnaire est tout à fait perfectible.

Q : Pendant vos recherches, quels sont les aspects techniques qui ont le plus marqué le cinéma?

R : Il y a eu trois grandes époques techniques dans le cinéma. Le parlant, qui a révolutionné l'époque. Et après il y a eu la couleur. Je pense qu'après, il y a la numérisation, ou digitalisation, qui a transformé le cinéma et ses supports. La pellicule disparaît au profit de la bande numérique. À l'enregistrement, ça transforme la vision du film. On peut le voir en HD, mais il y a aussi dans la production que ça change. On tourne en vidéo, on change l'appareil; on peut tourner avec un petit disque pendant 1 h 30. C'est quand même révolutionnaire. On peut aussi maintenant voir son film sur son ordinateur. Heureusement, mon dictionnaire fini, je pense que le cinéma a assez bougé ces dernières années pour qu'on puisse mettre tous les termes sans qu'il y ait un grand changement.

Q : Vous parlez de changements techniques. Comment ces changements affectent-ils le cinéma en tant qu'art?

R : Les théoriciens, analystes et critiques se posent la question: qu'est-ce qui va changer? Je pense à Sokourov, qui a tourné un film avec un seul plan, de 1 h 30. Un plan, ce n'est pas une durée bête. Le temps a aussi une fonction de transformation esthétique. C'est comme les caméras, on peut tourner avec moins de moyens, on commence à mieux savoir comment tourner en vidéo. On peut tourner longtemps, alors parfois on ne sait pas ce qu'on va tourner. Il y a maintenant un côté comme ça où on essaie des choses.