Le grand cinéaste américain Martin Scorsese a donné une «leçon de cinéma» lors du festival international du film de Marrakech en expliquant notamment que pour lui les personnages étaient plus importants que l'intrigue.

«Pour moi le scénario est très important et ce que j'y cherche d'abord ce sont les personnages et l'histoire. Je suis beaucoup plus intéressé par les personnages que par l'intrigue», a-t-il expliqué samedi devant un auditoire composé surtout de professionnels et d'étudiants en cinéma.

Le 7e festival de Marrakech a débuté vendredi et se poursuit jusqu'au 15 décembre.

«En fait, l'intrigue ne m'intéresse pas beaucoup et d'ailleurs il n'y en a pas dans Taxi Driver (1976), The Last Temptation of Christ (1988) et très peu dans Gangs of New York (2002)», a souligné ce rélisateur de 65 ans qui a dirigé une trentaine de films depuis quarante ans.

Celui qui est considéré comme un des plus grands metteurs en scène contemporains a confié qu'il n'aimait pas l'improvisation dans ses films à moins qu'elle soit cadrée.

«Mon experience en matière d'improvisation comme pour New York, New York (1977) ne fut pas un succès. La structure de ce film était trop lâche. Au début, on a fait 40 prises en cinq jours et il m'a fallu 4 mois pour monter une scène», a-t-il assuré.

«Je préfère créer moi-même la scène et ensuite l'acteur peut s'y mouvoir, c'est la meilleure façon. Je préfère improviser dans le cadre d'une structure. C'est très difficile mais j'aime cette façon de travailler», a-t-il souligné.

«J'ai besoin de concevoir la scène et que quelque chose se passe avec les acteurs avant de commencer à tourner. Je ne peux pas travailler autrement», a-t-il encore dit.

Interrogé par le critique français Michel Ciment à propos de son film Mean Streets (1973) sur l'influence qu'avait eu sur lui The Big Heat de Fritz Lang (1953) Martin Scorsese a répondu que c'était effectivement «un film très important».

«Il allie la brutalité et l'élégance» a-t-il souligné. De plus, a-t-il ajouté, moi et les autres metteurs en scène de ma génération, sommes obsédés par la continuité de notre travail (avec nos prédécesseurs), et même The Departed (2006) est dans la même lignée».

Par ailleurs, le metteur en scène a assuré qu'il était toujours «très excité» de monter ses films lui-même. «C'est un moment où on se retrouve de nouveau seul et que l'on peut profiter des images» «Il y a des monteurs très brillants mais j'aime faire moi-même les coupes», a-t-il souligné.

Au cours de cette leçon, entrecoupée par des morceaux de ses films, il a assuré bien aimer les «voice over» (narration par un personnage). «J'aime beaucoup ce procédé que j'ai découvert la première fois dans un des meilleurs films hoolywoodiens Sunset Boulevard (sorti en 1950 et réalisé par Billy Wilder) lorsque l'homme qui est mort et flotte dans une piscine narre toute l'histoire», explique-t-il.

William Holden interprète le scénariste malchanceux Joe Gillis et Gloria Swanson incarne Norma Desmond, une ancienne vedette du cinéma muet, obsédée par le fantasme d'un retour triomphant à l'écran.

Citant aussi bien les films de Fellini, de François Truffaut comme Tirez sur le pianiste ou Jules et Jim, il a précisé: «je n'ai pas besoin que la voix m'explique ce qui se passe mais j'aime bien entendre le personnage me parler».

Quant à la musique, il a confié s'inspirer de celle avec laquelle il avait grandi. «J'écoutais des swings américains, du jazz français de Django Reinhardt et Stéphane Grapelli, de la musique classique, de l'opéra et ensuite du rock and roll».

(AFP)