Breakfast with Scot, c'est l'histoire d'un couple qui adopte, malgré lui, un enfant. Classique? Peut-être, si ce n'est que le couple est formé de deux hommes, dont un ancien joueur des Maple Leafs de Toronto.

La fusion des genres plaît au réalisateur de Breakfast with Scot, Laurie Lynd (Queer as Folk, Degrassi). «Ce qui me rend le plus fier, c'est d'avoir réalisé un film grand public avec une famille peu commune», se réjouit le réalisateur canadien, venu présenter son film au festival Image+Nation le mois dernier à Montréal.

Lors de sa présentation au festival de Toronto, le film n'avait pas manqué d'attirer l'attention des journalistes. Pensez donc! Un film ouvertement gai qui s'associe aux virils Maple Leafs, c'était du jamais vu.

Pourtant, assure le réalisateur, obtenir l'aval de la LNH et de l'équipe n'a rien eu du parcours du combattant. «C'est amusant de voir à quel point ça a été facile. J'étais très impressionné par ce qui me semblait être une décision courageuse mais qui, pour eux, était normale», raconte Laurie Lynd.

L'ex-joueur des Maple Leafs, c'est Eric, qui n'est jamais sorti du placard auprès de ses collègues sportifs. Tout va changer quand son conjoint, Sam, lui apprendra qu'il doit s'occuper provisoirement de son neveu, Scot. Aussi coloré que Zaza de La cage aux folles, Scot va bouleverser la vie d'Eric et de Sam.

Laurie Lynd estime avoir signé un film très canadien. Il y a sa distribution, bien sûr (le jeune interprète de Scot, Noah Bernett, vient même de Montréal), et le hockey, évidemment, mais surtout ces personnages homosexuels pour qui la question n'est pas de savoir s'ils peuvent avoir des enfants, mais s'ils en veulent.

«On peut se le permettre parce que le Canada est un pays très ouvert. C'est très contemporain, aussi, de filmer les gais dans des situations tout à fait normales. Cela ressemble à un film américain, mais ça n'est pas un film américain», croit-il.

Breakfast with Scot tient plus de Bend it like Beckham ou de Billy Elliot que de Brokeback Mountain ou, pour le hockey, de Slap Shot. La morale de l'histoire parle d'elle-même. «Souvent, les gens sont plus durs envers eux-mêmes que ne le sont les autres», dit Laurie Lynd.

Laurie Lynd ne se fait guère d'illusion sur le destin de son film en salle. S'il est un jour distribué aux États-Unis, Breakfast with Scot risque bien de ne jamais être vu dans des bastions chrétiens.

«À Toronto, j'avais eu des inquiétudes pour le film, car ce n'est pas un film très «cinéma», dit-il, mimant la prétention. C'est juste un bon film, sur un sujet sérieux, mais montré de façon légère. La réaction du public et des critiques m'ont soulagé.»

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Breakfast with Scot, de Laurie Lynd, est présentement à l'affiche.