Un écrivain public rédigeant des messages de suicide pour ses clients, deux soeurs donnant un sens à leur vie troublée en nettoyant des scènes de crime: le Festival de Sundance a présenté cette semaine un aspect insolite de la mort.

«Malheureusement, nous n'apprenons rien de la mort, parce que personne n'est jamais retenu de l'au-delà. Mais nous apprenons beaucoup de la façon dont nous réagissons face à la mort, à notre relation avec le concept de mort», affirme Geoff Haley, réalisateur de la sombre comédie romantique The Last Word.

«La mort est le point final d'une phrase que nous passons toute notre vie à écrire», philosophe M. Haley en marge de ce grand festival américain du film indépendant, organisé à Park City: «face à notre mortalité, nous apprenons beaucoup de choses sur ce que nous voulons dans la vie».

C'est en travaillant comme cadreur pour la série télévisée à succès Six Feet Under, chronique d'une famille de croque-morts, que M. Haley a eu l'idée de son premier long métrage.

The Last Word met en scène un écrivain public, incarné par Wes Bentley (le sombre ado d'American Beauty), qui rédige des notes de suicide pour ses clients. La vie de ce reclus est chamboulée lorsqu'il rencontre Charlotte (Winona Ryder), soeur de l'un de ses clients, lors des obsèques de ce dernier.

Selon M. Haley, le service offert par le personnage principal de son film existe bel et bien, pas au grand jour, mais de façon implicite, chez les écrivains qui offrent d'écrire des poèmes pour des circonstances particulières.

«Les écrivains écriront n'importe quoi s'il y a de l'argent à la clé», lance le cinéaste, dont le film emploie une célébrité du petit écran américain, Ray Romano (la série Everybody Loves Raymond) dans le rôle d'un compositeur suicidaire. Sa performance a fait hurler de rire le public de Sundance.

«Dans d'autres films, on lui fait jouer ce qu'il sait (la comédie). Nous nous sommes mis d'accord depuis le début sur le fait qu'il n'aurait pas recours à ses talents comiques pour ce rôle», indique pourtant M. Haley.

Autre oeuvre de Sundance qui aborde la question de la mort par des voies détournées, Sunshine Cleaning de la Néo-zélandaise Christine Jeffs suit le parcours d'une femme de ménage d'une trentaine d'années (Amy Adams), qui veut réussir dans la vie et engage sa soeur dépressive (Emily Blunt) pour nettoyer des scènes de crime et de contamination biologique.

La scénariste du film, Megan Holly, souligne avoir eu l'idée de départ après avoir entendu un reportage à la radio sur des telles équipes de nettoyeurs.

Les fondatrices de Sunshine Cleaning, une fois qu'elles s'y mettent, commencent à trouver une signification à leur travail, explique Mme Jeffs à l'AFP. «Ces femmes réussissent à remettre leur vie à l'endroit en lavant des lieux où des gens sont morts», dit-elle.

La tâche n'a pas été facile pour les acteurs, qui se sont plaints des lieux sinistres dans lesquels ils devaient travailler. «Nous avons essayé de rendre de façon aussi réaliste que possible; la décomposition des corps et les traces résultant d'un suicide», se justifie la réalisatrice.