Dans La belle empoisonneuse, il empoisonne amoureusement la vie du personnage d'Isabelle Blais. Notamment, en se postant de longues minutes à la fenêtre de sa chambre et en l'apostrophant maladroitement. À 32 ans, Maxime Denommée est un des rares à pouvoir encore jouer les timides immatures.

Ses cheveux bouclés lui donnent des airs d'adolescent. Difficile de croire que Maxime Denommée est trentenaire et père de deux enfants. Jusqu'à ce qu'il se pointe devant la journaliste, les cheveux coupés. «Pour qu'on me voie les yeux! lance le comédien. Mes cheveux bouclés me caractérisent beaucoup. À l'école de théâtre, on m'a passé la remarque.»

Lui avait-on aussi dit, à l'époque, que ça le servirait davantage que le contraire? Ses boucles collent si bien avec la naïveté, la maladresse et l'immaturité des personnages qu'il a incarnés dans Rumeurs, Un monde à part, Cheech. Et, désormais, dans La belle empoisonneuse.

Dans le premier long métrage de Richard Jutras, Maxime Denommée incarne Homère, 25 ans, épris d'une fille mystérieuse (Isabelle Blais). Le jeune homme qui dévore des tragédies grecques depuis son enfance est prêt à tout pour que le sentiment devienne réciproque. «C'est un personnage pris dans les histoires qu'il a lues, raconte le comédien. Il a de la misère avec les relations humaines. Il est totalement investi. Il n'a pas de frein, de retenue. C'est touchant. Les gars au cinéma ont longtemps été mous ou machos. C'est le fun de montrer qu'on peut être vulnérable et maladroit tout en étant un homme.»

La quête d'Homère et le regard naïf qu'il pose sur les choses font de lui un être presque puéril. On le répète, la bouille de son interprète aide aussi à y croire... Un peu plus et Maxime Denommée aurait pu jouer les étudiants plutôt que les chums d'institutrice dans Virginie! «Les rôles de plus jeunes ne me pèsent pas, dit-il. J'ai appris à assumer ma baby face. Remarquez que je commence à avoir les cheveux blancs…»

Maxime Denommée aime, en fait, jouer pour jouer, point. S'il peut, en plus, tout casser sur un plateau ou les planches, tant mieux! «J'aime quand c'est sportif, quand je crie ou que je sors un fusil (comme dans Cheech ou Trick or Treat). Cela dit, les personnages n'existent pas pour moi. J'aborde mon travail de façon très concrète. C'est le spectateur qui va vivre l'illusion. Jouer, c'est plus simple, moins abstrait, qu'on s'imagine.»

Maxime Denommée, qu'on peut aussi voir depuis jeudi dans la pièce Les justes au Théâtre Denise-Pelletier, reste ainsi un acteur groundé. «Je ne mêle pas mon vécu pour trouver l'émotion, explique-t-il. Pas par protection, mais parce que c'est la méthode de travail que je privilégie. Une méthode plus "David Mamet" que "Stanislavski". C'est moins compliqué pour moi. J'aime l'idée de décrocher et être capable de prendre une bière après une journée de travail.»

Quand les tournages peuvent être une partie de plaisir, comme ce fut le cas sur le plateau de La belle empoisonneuse, produit à Québec avec peu de moyens, à l'été 2006, la vie est belle. «J'avais l'impression d'être en vacances à Québec, raconte Denommée. Le producteur Yves Fortin vient de la campagne comme moi. Il est calme. Ce n'est pas un producteur pressé, constamment branché sur son cellulaire.»

Les contrats réguliers de Maxime Denommée à la télé («l'alimentaire») lui permettent de se lancer à fond dans des projets au budget limité. «Comme au théâtre, ce que j'aime dans les plus petits projets, c'est qu'il n'y a pas de hiérarchie dans l'équipe. Mais, comme il y a peu d'argent de disponible, on est obligé de faire de petits miracles.»