Pour Angèle Coutu, la vie est courte et il faut savoir en profiter à plein, le pied à fond sur l’accélérateur. La comédienne de 62 ans, figure marquante de la télévision québécoise (Jamais deux sans toi, Le retour, L’or du temps), est une femme d’action. Les deux pieds sur la bavette du poêle à regarder passer le temps, très peu pour elle.

Dans Borderline, elle incarne Mémé, une grand-mère un peu déboussolée mais assez saine d’esprit pour prendre soin de sa petite-fille Kiki (Isabelle Blais). Un rôle qui l’a amenée à se «défraîchir» (comme dans la télésérie Le négociateur) et qu’elle a adoré, d’autant plus que passé un certain âge, les comédiennes sont plus souvent qu’autrement laissées sur le carreau, réduites à regarder leur carrière dans le rétroviseur. Comme si les producteurs avaient «la trouille» des comédiennes qui ont passé le cap de la soixantaine.

«Quand tu as un rôle tous les huit ans, c’est déjà beau... C’est difficile de comprendre pourquoi. Les producteurs n’osent pas, comme si de nous voir les confrontait à leur propre mort. Ils ont une vision univoque de la vieillesse. Ils ont peur de nous donner des rôles «physiques». Sans doute les relents d’un fond de judéo-christianisme gluant...», déplore-t-elle.

Valorisation féminine

Son plaidoyer pour la valorisation des femmes âgées à l’écran est d’autant plus à-propos, poursuit Angèle Coutu, qu’elle connaît tout le potentiel qui les habite.
«Nous avons roulé notre bosse, nous avons une philosophie de vie. On continue à aimer ça, les défis, la possibilité de jouer des rôles multiples et différents.

«Moi, j’ai pratiquement fait le tour du monde. J’ai fait plein de choses flyées, de la plongée sous-marine, monter jusqu’au Machu Picchu, mais quand on t’offre un rôle, c’est celui d’une madame à sacoche... Il y a comme un décalage. J’aimerais ça des personnages de femmes extraordinaires, avec des trips de vie. Ça existe dans la vraie vie, j’en ai connu plein.»

Le coup est d’autant plus dur à encaisser que tous les comédiens vieillissants, hommes et femmes confondus, sont confrontés à vivre une retraite avec des moyens financiers réduits. «Moi, j’ai appris à vivre de façon frugale et monacale. Mais il ne faudrait pas oublier que 78 % des membres de l’Union des artistes vivent en-dessous du seuil de la pauvreté. C’est énorme.»