Invités d'honneur de la 58e Berlinale, les Rolling Stones ont créé l'événement jeudi à l'ouverture du festival, où a été dévoilé Shine a Light, le film que leur a consacré Martin Scorsese, en prologue à la compétition pour l'Ours d'or.

Vingt et un films du monde entier se disputent le prestigieux prix, remis la veille de la clôture du festival (7-17 février).

La présence de Mick Jagger, Keith Richards, Charlie Watts et Ron Wood à la projection de gala de Shine a Light en avant-première mondiale et hors compétition, dans la soirée, a provoqué une véritable fièvre.

Les Stones ont participé avec Martin Scorsese à une conférence de presse bondée consacrée à ce documentaire. Dans ce film de deux heures ponctué d'entrevues, 16 caméras ont saisi des moments intimes et des angles inconnus, rarement vus jusqu'ici.

«Nous ne voyions même pas les caméras. Nous ne savions même pas qu'elles étaient là», a observé le guitariste Keith Richards.

Ce film, chaleureusement accueilli par la presse, est construit à partir de deux concerts donnés par les Stones à New York en 2006, ainsi qu'avec de vieilles images d'archives. Il montre des Stones à l'énergie communicative, même si certains y apparaissent quelque peu vieillis.

«Je ne voulais pas faire un documentaire, je voulais immortaliser l'essence même du spectacle», a expliqué pour sa part Martin Scorsese.

Une chasse aux invitations pour la soirée d'ouverture, bourrée d'invités VIP et suivie d'une fête, a enflammé la ville - «Chez les distributeurs, les billets sont tirés au sort!», a-t-on indiqué à l'AFP.

Plus musicale que politique cette année, la Berlinale accueille en outre un documentaire sur la rockeuse Patti Smith et un autre sur le groupe Crosby, Stills, Nash & Young.

Elle s'ouvre aussi aux productions populaires chantées de Bollywood avec le film indien Om Shanti Om et son bel acteur Shah Rukh Khan, devenu une star mondiale avec le succès de Devdas.

Après le rock et les paillettes, la compétition débute vendredi avec les deux premiers films dévoilés au public: In Love We Trust du Chinois Wang Xiaoshuai, qui relate la lutte d'une mère pour sauver son enfant atteint d'un cancer, et surtout There Will be Blood de l'Américain Paul Thomas Anderson, qui vaut à Daniel Day-Lewis une nomination aux Oscars remis le 22 février.

Inspiré du roman Oil d'Upton Sinclair, ce passionnant cinquième film d'Anderson - après Boogie Nights et Magnolia - est une fresque épique sur les débuts de l'industrie pétrolière en Californie.

Comme Cannes et Venise, les deux autres principaux festivals de cinéma européens, la Berlinale mise sur le glamour, en accueillant des vedettes qui affolent les paparazzis.

Cette année sont attendues Julia Roberts, à l'affiche de la tragédie familiale Fireflies in the Garden, ainsi que Scarlett Johansson et Natalie Portman dans le rôle de deux soeurs qui intriguent pour gagner les faveurs du Roi anglais Henry VIII dans Deux soeurs pour un roi. La star latino Penélope Cruz vient avec Elegy d'Isabel Coixet, film tiré d'une nouvelle de Philip Roth.

Trois films français sont en compétition: Il y a longtemps que je t'aime de Philippe Claudel où Kristin Scott Thomas et Elsa Zylberstein jouent des soeurs séparées par un drame, Lady Jane, un polar signé Robert Guédiguian, et Julia d'Erick Zonca, inspiré du Gloria de Cassavetes.

Deux défections de dernière minute dans le jury ont légèrement assombri l'ambiance. L'actrice et réalisatrice française Sandrine Bonnaire a annulé au dernier moment «pour raisons familiales» sa participation. De même, la réalisatrice danoise Susanne Bier, à cause d'un événement «imprévu» lié au tournage de son prochain film aux États-Unis.

Le jury de la 58e Berlinale est présidé par le réalisateur franco-grec Costa-Gavras, qui avait lui-même reçu l'Ours d'Or du meilleur film en 1990 à Berlin pour Music Box, avec Jessica Lange.