L'extrême violence exercée contre les enfants, qu'ils soient victimes de délinquants, de pédophiles, enrôlés dans des gangs ou dans la guerre, est au coeur de la 58e Berlinale où plusieurs fictions choc  mettent en scène kidnappings, prostitution enfantine, et enfants-soldats.
   
Le titre est trompeur : présenté samedi en compétition pour l'Ours d'or remis en clôture du Festival du film de Berlin (7-17 février), Gardens of the Night met en scène deux pédophiles qui droguent les enfants qu'ils séquestrent pour abuser d'eux en toute impunité, la nuit.
   
Bouleversant et dérangeant, éprouvant même pendant sa première demi-heure - certains spectateurs ont jeté l'éponge lors de la projection de presse -, Gardens of the Night traite avec pudeur et délicatesse un sujet très délicat.
   
Son auteur, Damian Harris a mené deux ans d'enquête à travers les États-Unis sur les enfants «volés», dont les photos surmontées d'un numéro de téléphone figurent sur des affichettes punaisées dans les lieux publics.
   
Il s'est informé auprès d'éducateurs, dans des centres d'accueil pour les adolescents sans toît et de policiers spécialisés dans les crimes sexuels sur les enfants de La Nouvelle-Orléans et de San Diego.
   
Remarquablement interprété, le film reconstitue le puzzle de deux vies détruites, celles d'une fillette, Leslie - jouée enfant par Ryan Simpkins et adulte, par Gillian Jacobs - et un petit garçon, Donnie - Jermaine «Scooter» Smith et Evan Ross -, séquestrés, violés et prostitués par leurs tortionnaires.
   
Il dépeint avec force le meurtre psychologique subi par des enfants à qui l'on répète que leurs parents les ont abandonnés et qu'il faut «souffrir pour que la chrysalide devienne papillon».
   
Moins central dans Julia montré samedi lui aussi, le kidnapping d'un enfant par une femme alcoolique en pleine dérive psychologique permet au Français Erick Zonca de brosser un tableau plutôt sombre de la violence exercée contre les enfants aux États-Unis ou au Mexique.
   
Aussi en lice pour l'Ours d'or mais seulement dévoilé jeudi à l'avant-veille de la clôture du festival, Heart of Fire de Luigi Falorni se penche sur la tragédie vécue par les enfants soldats en Afrique.
   
Basé sur le livre autobiographique de Senait G. Mehari traduit dans plusieurs langues, Coeur de feu, mon enfance assassinée, ce film raconte le destin d'une petite fille abandonnée par sa mère encore bébé, et élevée dans un orphelinat jusqu'à ce que son père décide de la reprendre sous sa garde.
   
Mais en lieu et place d'un foyer l'enfant subit violences, humiliations et privations, jusqu'à ce que son père la livre, à peine âgée de cinq ans avec sa soeur, au groupe paramilitaire les Filles de l'Erythrée.
   
Après avoir combattu en Erythrée, elle s'enfuit au Soudan puis en Allemagne, d'où elle racontera son passé d'enfant-soldat tout en soutenant des ONG telles qu'Unicef ou Terre des Hommes.
   
La guerre civile au Soudan dans les années 1980 sert de toile de fond à «War child» de l'Américain Christian Chrobog, présenté à la Berlinale dans le cadre d'une programmation intitulée Screening Africa.
   
Enfin, l'attrait des gangs pour des enfants philippins sans famille, plongés dans la misère des quartiers délabrés de Manille tels que Tondo est au centre de Tribe, le premier film de Jim Libiran, présenté dans la section Forum.