À mi-parcours, la 58e Berlinale découvre lundi Sparrow, le dernier film du Hong-kongais Johnnie To, et Troupes d'élite, une fiction survoltée sur la guerre entre la police brésilienne et les trafiquants de drogue, tous deux en lice pour l'Ours d'or.

Le premier des deux films allemands de la compétition est lui aussi dévoilé: inspiré d'un film d'Ozu, Cherry Blossoms-Hanami (Kirschblüten-Hanami) de Doris Dörrie, suit un homme âgé, atteint d'un cancer en phase terminale, qui après le décès de sa femme part au Japon retrouver son fils.

Lundi, There Will Be Blood, la fresque épique de l'Américain Paul Thomas Anderson, huit fois nommée aux Oscars et récompensée dimanche du Bafta du meilleur acteur pour Daniel Day-Lewis, était le film préféré des critiques compilées par le magazine professionnel Screen.

Au cinquième jour du festival (7-17 février) le mélodrame chinois In Love We Trust de Wang Xiaoshuai et la poétique fiction mexicaine Lake Tahoe de Fernando Eimbcke étaient eux aussi très appréciés.

Mais lundi la compétition se poursuivait tambour battant, avec Troupes d'élite de José Padilha, produit par les frères Weinstein - connus pour avoir fondé Miramax en 1979 (revendu à Disney au début des années 1990), et pour avoir lancé les films de Quentin Tarantino et Michael Moore.

Documentariste brésilien de 40 ans, Padilha, auteur de Bus 174 qui relatait le détournement d'un bus à Rio de Janeiro en 2000, a voulu dans sa première fiction dépeindre le travail des policiers brésiliens spécialisés dans la répression du trafic de drogue.

Troupes d'élite colle aux pas de l'officier de police Nascimento (Wagner Moura), qui dirige un groupe d'intervention d'élite à Rio, en 1997.

Miné par ce travail très risqué, il envisage de raccrocher en apprenant que sa femme est enceinte, mais se voit confier une dernière mission : «nettoyer» les favelas afin d'assurer la sécurité du Pape, en visite au Brésil.

Ce film au rythme échevelé, à la bande sonore assourdissante et aux violents coups de caméra laisse peu d'espace à la réflexion: place à l'action, voire au sensationnel, tel semble avoir été le maître mot de José Padilha qui a voulu immerger le spectateur dans la violence des favelas.

Mais ce dernier est vite pris de malaise face à une fiction ultra violente et unidimensionnelle - seul le discours des «bons» policiers est relayé par la voix off - où la lutte contre les trafiquants est montrée comme une dangereuse chasse au gros gibier qui procure des montées d'adrénaline.

Souvent filmés en opérations nocturnes sur fond de musique hard rock, les policiers d'«élite» campent sur des toits d'immeubles d'où ils tirent au fusil à lunette, sur de présumés délinquants dont on ne saura pas grand-chose.

Racoleuse, la caméra virevolte, passant du visage suant d'un homme agenouillé, un pistolet braqué sur la tempe, à la cambrure d'une fille...

Lundi, le deuxième des quatre films asiatiques en compétition est dévoilé: signé par le prolifique maître du polar hong-kongais Johnnie To, Sparrow (Man Jeuk) explore le monde des pickpockets, surnommés «moineaux» à Hong-Kong.

Quatre de ces voleurs, experts dans l'art de découper au rasoir les poches des passants, vivent en harmonie jusqu'à l'arrivée de Chun Lei (la Taïwanaise Kelly Lin), dont ils tombent instantanément amoureux.

Celle-ci leur demande de subtiliser une clé, les jetant dans un imbroglio.

«J'ai voulu capturer quelque chose de subtil et de poignant: la ville de Hong Kong elle-même», a expliqué le réalisateur aux journalistes à Berlin.

«Pour moi, le film a toujours été un moyen de fixer un lieu et une époque particulières, et Sparrow témoigne de ce désir».