La 58e Berlinale a découvert Restless de l'Israélien Amos Kollek, un film centré sur la non-relation entre un père et son fils qui dépeint la diaspora israélienne à New York, jeudi à l'avant-veille de la clôture de la compétition.

Moshe, qui se rêvait en poète de renom, a fui il y a vingt ans Israël et ses responsabilités, abandonnant une femme et un bébé qu'il n'a jamais désiré, pour rejoindre New York et recommencer sa vie. Il a échoué et mène une existence misérable, meublée par les rencontres sexuelles et l'alcool.

Un jour meurt son ex-femme, la mère de l'enfant qu'il a délaissé. Puis le fils surgit à New York pour se confronter à ce père qu'il hait.

Le garçon de 21 ans n'a plus sa mère et a été viré de l'armée où il était tireur d'élite, «il n'a rien à perdre», relève Amos Kollek, réalisateur notamment de Sue Lost in Manhattan ou de Fast Food, Fast Women.

Restless est un film noir, le personnage principal est un être minable, un loser auquel on a du mal à s'attacher, mais l'interprétation est belle.

Tièdement applaudi à la projection de presse, le film a excédé une partie des spectateurs qui ont jugé peu crédibles les scènes où Kollek montre cet Israélien clochardisé, poète auto-proclamé, captiver son audience avec des tirades creuses et pleines de fiel.

Un contexte politique trop schématique où les Arabes font de la figuration, le ton larmoyant de la réconciliation finale entre père et fils ou encore le voyeurisme des scènes de sexe ont aussi rebuté certains.

«Moshe est un peu aigri, très sarcastique, un peu ivrogne, très critique envers Israël», concède Amos Kollek, qui dit s'être inspiré de son rapport avec son père, Teddy Kollek, maire de Jérusalem pendant près de trois décennies.

«Tout le monde l'aimait, l'admirait, mais moi j'avais un rapport mitigé avec lui», dit-il. «Je le voyais peu, mais on me disait que j'avais de la chance d'être son fils».

Restless évoque un juif déçu par son pays et qui survit à New York, dit Kollek. «Ma génération est frustrée: Israël est l'un des grands miracles du siècle passé (...) mais il y a le conflit avec les Arabes», dit-il. «Il suffirait de déposer les armes et de dire «on va s'entendre». Moshe porte en lui cette déception».