La décision de Steven Spielberg de se retirer du comité d'organisation des Jeux olympiques de Pékin en raison de l'attitude de la Chine dans la crise du Darfour suscite de nombreuses critiques dans l'opinion et les médias chinois.

Le cinéaste américain a renoncé la semaine dernière à son rôle de conseiller artistique pour les cérémonies d'ouverture et de clôture des JO, reprochant à la Chine de ne pas faire suffisamment pression sur le gouvernement de Khartoum pour mettre fin aux violences dans la province soudanaise du Darfour.

Officiellement, le gouvernement chinois n'a pas critiqué directement Spielberg, se contentant de regretter sa décision. Mais les médias officiels et l'opinion ont fait preuve de beaucoup moins de retenue.

Dans un éditorial cinglant publié mercredi en une de son édition pour l'étranger, le Quotidien du peuple, organe officiel du Parti communiste chinois (PCC), écrit: «Un certain réalisateur occidental a été très naïf et a pris une décision déraisonnable sur la question des JO de Pékin.»

Ce week-end, le Quotidien Guangming, également publié par le PCC, a estimé dans un éditorial que Spielberg «a rompu sa promesse d'apporter sa contribution aux Jeux de Pékin et a trahi l'esprit olympique». «Il n'est pas qualifié pour blâmer la Chine parce qu'il ignore totalement les gros efforts déployés par le gouvernement chinois sur le Darfour».

Pour le Quotidien de la jeunesse de Chine, «ce réalisateur de film renommé est célèbre pour ses oeuvres de science-fiction». «Mais aujourd'hui, il semble qu'il vit dans un monde de science-fiction et ne sait pas faire la différence entre un rêve et la réalité», peut-on lire dans un éditorial.

Sur Internet, l'affaire a déclenché un déferlement de commentaires critiques à l'égard du cinéaste. «Nous n'aurions jamais dû l'inviter», lance un Internaute sur Sina.com, plus grand portail Internet du pays. «Spielberg a instrumentalisé les Jeux olympiques», dénonce un autre.

Le comité d'organisation des JO de Pékin a défendu mercredi la position de la Chine sur le Darfour et a demandé aux organisations mobilisées sur le dossier de ne pas pousser les commanditaires à se retirer des Jeux.

«Si vous respectez la vérité, vous verrez que la Chine fait beaucoup pour le règlement du dossier du Darfour», a déclaré le directeur marketing du comité d'organisation, Yuan Bin, lors d'une conférence de presse. «Quant aux groupes qui font pression sur les commanditaires à propos des Jeux olympiques de Pékin, je veux dire que les Jeux devraient rester apolitiques.»

On estime que la Chine est un partenaire influent du Soudan car elle achète les deux tiers de ses exportations de pétrole, lui vend des armes et défend le régime islamique de Khartoum aux Nations unies. Le conflit au Darfour, qui oppose Khartoum à des mouvements rebelles, a fait plus de 200 000 morts et 2,5 millions de déplacés depuis 2003.