Il est le cinéaste qui compte le plus de Jutra individuels dans sa collection. D'abord consacré pour avoir signé la photographie de Maelström de Denis Villeneuve, André Turpin a aussi obtenu, grâce à son film Un crabe dans la tête, trois autres Jutra: meilleur scénario, meilleure réalisation, et meilleure direction photo.

Plutôt discret dans les médias depuis quelques années, André Turpin consacre essentiellement ses efforts à son métier de directeur photo. Et à son rôle de père de deux jeunes enfants.

«Je n'accepte qu'un film par an!» confie celui qui travaille aussi beaucoup dans le domaine de la publicité. Sur le flanc du cinéma, André Turpin a assuré cette année la direction photo de C'est pas moi, je le jure! , le nouveau film de Philippe Falardeau. Il s'apprête par ailleurs à rejoindre bientôt Denis Villeneuve pour l'adaptation cinématographique de Incendies de Wajdi Mouawad.

Et la réalisation dans tout cela? Il semblerait que rien ne soit prévu à court terme de ce côté.

«J'ai une idée de scénario mais le sujet est plutôt compliqué et tordu. Il faudra que je m'associe avec un scénariste. Cela dit, je tiens à maintenir un rythme de travail qui me permette d'être près de ma famille.»

Quand on lui demande ce qu'il retient des Jutra, Turpin évoque d'abord le sentiment de plaisir lié à la reconnaissance des pairs. «Cela nous donne aussi une crédibilité auprès des institutions, fait-il remarquer. Et puis, les Jutra ont eu un effet direct sur la carrière du film. Plus de la moitié des recettes d'Un crabe dans la tête ont été engendrées après le gala.»

S'il devait choisir une personnalité à qui on pourrait rendre hommage, Turpin sélectionne sans hésiter Robert Morin. «Pour l'ensemble de son oeuvre, bien sûr, mais aussi pour son acharnement. L'engagement très profond de Robert envers le cinéma constitue une sorte d'idéal à atteindre. J'aimerais être comme lui!»

Turpin estime également qu'il faudrait bien un jour rendre hommage à un accessoiriste, un artisan de l'ombre dont le rôle, sur un plateau, se révèle essentiel. «Vous n'avez pas idée du nombre de problèmes qu'un accessoiriste parvient à régler, explique Turpin. Ce sont de véritables magiciens, d'extraordinaires «patenteux» qui, bien souvent, nous sauvent d'une situation impossible en arrivant avec des solutions auxquelles personne d'autre n'aurait pu penser.»