Avant de se lancer dans l'aventure du cinéma, Luc Déry a fait son bac en biologie. Pas étonnant que sa boîte de production, que le Gatinois a mise sur pied à Montréal en 2002, porte le nom de Micro_scope.

??45 ans, et avec deux Jutra du meilleur film consécutifs à son crédit (pour Congorama, en 2007, et, Continental, un film sans fusil), le producteur de Luc Déry confirme sa place dans le milieu de la production cinématographique au pays.

«Micro_scope a le vent dans les voiles. Les nombreux prix récoltés au cours des deux dernières années changent les choses pour les prochains projets, puisque ça sera plus facile pour nous de convaincre les organisations financières telles Téléfilm Canada et la SODEC de nous faire confiance même si on sort des sentiers battus, confirme le producteur. C'est le genre de vague sur laquelle tu surfes pendant qu'elle passe.»

??titre de producteur, Luc Déry combine deux facettes de sa personnalité: l'entrepreneur et le créatif. D'un côté, il joue avec les chiffres et les budgets (financement, banque, assurances, et tutti quanti). De l'autre, il est aussi engagé dans le processus de création. «Être producteur, c'est se trouver au coeur de tout ce qu'implique faire un film, explique-t-il. Je suis souvent le premier lecteur du scénariste, je suis aussi au côté du réalisateur quand il soumet son idée de long métrage aux instances de financement; je m'implique dans le choix de la distribution et je suis celui qui trouve l'argent pour que tout le monde puisse faire son boulot sans souci. J'adore cet aspect touche-à-tout de mon métier!»

Pourtant, Luc Déry ne se dirigeait pas du tout dans cette branche. En fait, s'il fréquente le Ciné-Club pendant ses études au Cégep de l'Outaouais, il ne commence à vraiment s'intéresser au cinéma qu'après avoir vu L'état des choses, de Wim Wenders.

«C'était à ma première année en génie, à l'École polytechnique, à Montréal. J'habitais tout près du Cinéma Outremont et ç'a été la révélation. J'ai compris alors que le cinéma pouvait être autre chose que ce que j'en avais vu jusque-là» se souvient le quarantenaire.

Il complète néanmoins un bac en biologie avant de se laisser gagner par la passion du cinéma.

Luc Déry cumule diverses expériences sur les plateaux de tournage, touchant tour à tour à l'éclairage et à la direction photo, entre autres. «Je me suis vite rendu compte que beaucoup de gens aspiraient à faire du cinéma, mais que peu d'entre eux s'intéressaient à l'organisation et au financement de tout ça...»

Le Gatinois vient de trouver sa voie: la production. Il obtient un MBA spécialisé en administration des médias de l'Université York, en 1992, et joint les rangs de Malofilm Distribution. À titre de vice-président, il y solidifie ses connaissances en mise en marché et en acquisition de films. Il travaille ensuite pendant près de cinq ans au sein de la société Qu4tre par Quatre, où il a notamment produit les projets d'André Turpin (Un crabe dans la tête) et d'un autre représentant de l'Outaouais, Philippe Falardeau (La moitié gauche du frigo).

Luc Déry décide ensuite de faire le grand saut en 2002. Kim McGraw devient sa partenaire en 2004. En près de six ans, Micro_scope a non seulement produit Congorama et Continental, un film sans fusil, mais aussi Tiresia, de Bertrand Bonello, et Familia, de Louise Archambault.

«Notre mission, c'est de produire des films originaux, novateurs, dans la forme ou le propos, mais accessibles. On aime les films qui se détachent du conventionnel et on produit ceux qu'on aimerait nous-mêmes voir. Et comme nous sommes considérés comme de jeunes producteurs, puisque notre boîte a à peine cinq ans, nous privilégions des projets de jeunes cinéastes, afin de donner une chance à de nouvelles voix et de nouveaux talents de faire leur place.»

«Outre C'est pas moi, j'le jure!», le troisième long métrage de Philippe Falardeau, dont la sortie est prévue pour septembre, la maison Micro_scope pilote l'adaptation au grand écran par Denis Villeneuve de la pièce Incendie, de Wajdi Mouawad ainsi que les nouveaux projets de Stéphane Lafleur, Louise Archambault et Anaïs Barbeau.