Sacha Bourdo avoue qu'il ne referait pas L'étoile du soldat, le film d'ouverture du 3e Festival de films sur les droits de la personne qui s'ouvre ce soir à Montréal. L'acteur se dit chanceux d'avoir participé à ce long métrage de fiction dénonçant la guerre, mais, sachant maintenant de quoi il en retourne, il refuserait de se prêter à nouveau à l'entraînement imposé par le tournage.

«J'ai failli mourir. J'ai passé deux semaines à dos d'âne avec des moudjahidines dans les montagnes d'Afghanistan en mangeant très peu et en buvant l'eau de rivière. Je ne suis pas un guerrier, moi, je ne suis que comédien!» lance l'artiste de 46 ans, né en Russie et débarqué en France au milieu des années 90.

L'étoile du soldat est le seul long métrage de fiction de Christophe de Ponfilly qui s'est enlevé la vie en 2006, peu après la fin du film. Reporter, il a réalisé une quarantaine de documentaires, dont certains sur le célèbre commandant Massoud.

Filmé comme un documentaire, avec un commentaire en voix hors champ, L'étoile du soldat est une fiction qui cherche constamment à coller à la réalité, mettant notamment en scène plusieurs comédiens non professionnels.

«Je jouais avec un moudjahidin qui a perdu sa jambe durant la guerre et qui a tué des Soviétiques à l'époque, raconte Sacha Bourdo. On rigolait, j'étais devenu son copain. Je réfléchissais à tout cela en jouant et la caméra l'a capté dans mes yeux. Ce n'est pas de la triche.»

Selon lui, le film réussit à nommer l'inimaginable, ce que l'on refuse trop souvent de voir dans la routine de nos vies occidentales. Dans une autre scène émouvante du film, son personnage, Nikolaï, sort des décombres d'un affrontement le corps d'une enfant.

«J'étais tellement dans l'incompréhension de ce qui s'est passé que je n'ai rien fait, confie-t-il. Dans un autre film, j'aurais peut-être crié, mais dans ce cas là, j'étais totalement abasourdi. J'étais sans force, comme si on m'avait vidé de mon sang, tout d'un coup. C'est l'endroit et les gens qui m'entouraient qui ont causé cela.»

L'étoile du soldat est de ces films exigeants. Pour ceux qui l'ont fait, évidemment, mais pour le spectateur aussi, impuissant parmi les impuissants.

«Dans cette guerre il y a toutes les guerres, explique l'interprète principal. À travers cette histoire, on comprend le fonctionnement de toutes les guerres et la vie des gens qui sont pris au milieu.»

L'acteur souligne les qualités d'un récit calqué sur des faits réels, ceux d'un musicien russe plongé au coeur d'une guerre qui n'est pas la sienne. Fait prisonnier par les moudjahidines, il se liera d'amitié avec certains d'entre eux.

Visiblement passionné et idéaliste, Sacha Bourdo se montre catégorique au sujet de l'Afghanistan. «Il faut retirer immédiatement vos soldats de là-bas. Bien sûr, on peut les aider, mais on ne doit rien leur imposer», conclut-il.

L'étoile du soldat, de Christophe de Ponfilly est présenté en ouverture du Festival de films sur les droits de la personne ce soir à l'Alumni Auditorium de l'Université Concordia.