Cineplex, le propriétaire du Cinéma Beauport, à Québec, et du Quartier latin, à Montréal, a rayé Un baiser s'il vous plaît de sa grille de programmation après avoir appris que le film serait également diffusé dans une quinzaine de salles de Réseau Plus, en région, à partir du 9 mai.

«J'ai programmé le film à Sept-Îles, Rimouski et Victoriaville. Aucune salle commerciale n'était intéressée en région. Dès qu'ils ont appris ça, Cineplex a déprogrammé Beauport et le Quartier latin, explique le distributeur Louis Dussault. C'est du chantage économique, je ne vois pas d'autre mot.»

Cette déprogrammation de deux écrans représente «économiquement une grosse perte», estime Louis Dussault. Un baiser s'il vous plaît, réalisé par Emmanuel Mouret, est l'un des films présentés par Unifrance dans le cadre du 400e anniversaire de Québec. La comédienne Virginie Ledoyen accompagnera le film pour sa sortie québécoise.

La palme d'or Quatre mois, trois semaines et deux jours et Up the Yangtze ont également été retirés de la programmation du Quartier latin pour des raisons similaires. «Ce n'est pas la première fois que cela arrive, et c'est honteux de faire un tel chantage pour des broutilles», déplore Michel Gagnon, de Réseau Plus, un réseau qui regroupe une quarantaine de salles consacrées aux films d'auteur en région.

Le fils de l'épicier goûte à la même médecine

Le distributeur du Fils de l'épicier, Robert Meunier, a lui aussi appris hier que la sortie de son film dans une salle de Cineplex, prévue vendredi, était annulée. «Le fils de l'épicier a été retiré du cinéma Place Charest, à Québec, parce qu'il jouait à Réseau Plus à Baie-Comeau», dit-il, encore surpris. Au Québec, le film n'est programmé que sur quatre écrans.

Du côté de Cineplex, on se défend de vouloir sanctionner les distributeurs. «Nos cinémas ne diffusent que des premières diffusions («first run»). Cela s'applique non seulement au Québec, mais au Canada et dans le reste du monde», dit Pat Marshall, la vice-présidente aux communications de Cineplex Entertainment.

Louis Dussault et Robert Meunier n'ont toutefois signé aucune entente d'exclusivité avec Cineplex concernant la diffusion du film. Tous deux affirment n'avoir proposé leurs films qu'à des salles de Réseau Plus pour les villes où les salles commerciales - quand il y en a - n'ont pas souhaité les diffuser.

«Nous ne sommes pas un réseau de deuxième run: c'est faux. La plupart du temps, nous diffusons des primeurs, soutient Michel Gagnon. Les régions ont le droit d'être approvisionnées en films d'auteur en même temps que les centres. Tout le reste, c'est de la bullshit

Selon Cineplex, les cas où les salles déprogramment un film sont rares. «Les films ne doivent pas impérativement être montrés dans nos salles. S'ils le sont, c'est le choix du distributeur. Il connaît nos politiques et il fait son choix, poursuit Pat Marshall. Il n'y a rien de nouveau là-dedans.»