Après le Quartier Latin, de Montréal, le Cinéma Beauport, de Québec, c’est la Maison du Cinéma de Sherbrooke qui a sorti Un baiser s’il vous plaît de sa grille de programmation pour la semaine du 9 mai.


D’après le distributeur du film, Louis Dussault, Den Hur, l’agence de programmation oeuvrant pour la Maison du Cinéma, lui a demandé de retirer le film des salles non-commerciales de Réseau Plus pour conserver l’affiche à Sherbrooke. Une offre que le distributeur a déclinée.


«Den Hur m’a demandé de trahir quelqu’un. Je ne ferais jamais ça», dit Louis Dussault.  «Cela touche plus que le commerce : cela touche la libre circulation du film. Je le dis: c’est une guerre, et si ils gagnent, cela va être le désert culturel pour les régions.»


Lundi, on apprenait que Cinéplex, le propriétaire du Beauport et du Quartier Latin, annulait la sortie d’Un baiser s’il vous plaît en raison de la sortie du film en région dans des salles du réseau non-commercial Réseau Plus. Un autre film français, Le fils de l’épicier, programmé dans trois salles de Réseau Plus, a également été retiré d’une salle Cinéplex de Québec.


Les déprogrammations successives d’un film français dans des salles commerciales n’ont pas laissé indifférent à l’Assemblée nationale. Le député Pierre Curzi dénonce un conflit «disproportionné» opposant les salles commerciales et les salles de cinéma parallèle.


«C’est 600 000 $ de revenus (pour Réseau Plus) par rapport à 181 millions (pour Cinéplex). C’est disproportionné. C’est David contre Goliath, cela n’a aucun sens. Il faut intervenir fermement», explique le député péquiste.


Interpellée sur la question, la ministre Christine St-Pierre a réaffirmé son soutien au réseau des salles de cinéma parallèle. Des représentants du ministère et de la SODEC ont été «mandatés» pour dialoguer avec les exploitants de salles commerciales et de cinéma parallèle, ainsi que les distributeurs.


«Il faut faire cesser cet embargo. Une ministre en fonction a l’autorité pour dire arrêtons cet embargo, et pour, comme elle l’a dit, (asseoir) les gens autour de la table pour arriver à un règlement», poursuit le député. «Il ne s’agit pas de s’immiscer dans la vie économique, il s’agit dans ce cas de préserver ce qui est fondamental au Québec, la diversité.»