Le Tribeca Film Festival de New York fête en avril sa 7e année, un septennat qui a transformé un événement qui se voulait une réponse aux attentats du 11 septembre 2001 en festival international au succès croissant.

Du 23 avril au 4 mai, 120 films - documentaires, courts ou longs métrages, animations - sont projetés dans des salles situées dans le sud de Manhattan, essentiellement dans l'East Village et surtout à Tribeca, le quartier qui surplombe Ground Zero, le site où se dressait les gratte-ciel du World Trade Center détruits lors des attaques terroristes.

Le festival avait été lancé en janvier 2002 par l'acteur Robert De Niro et la productrice Jane Rosenthal. Critiqués pour leur manque d'expérience, ils n'en avaient pas moins relevé le défi en attirant dès le printemps 2002 150 000 personnes au lieu des 30 000 attendues.

«Quelque chose s'est passé, le succès a été immédiat dans ce quartier où l'on voit d'un côté le cratère de Ground Zero, de l'autre la statue de la Liberté, c'est tellement symbolique», souligne dans une entrevue à l'AFP Peter Scarlet, directeur artistique du festival depuis l'édition 2003.

«Les festivals de Tribeca et de Sarajevo sont les seuls qui soient nés en réponse à un acte de guerre», ajoute-t-il.

Le Festival débute mercredi sur une note «hollywoodienne» avec la première mondiale d'une comédie, Baby Mama, première mise en scène de Michael McCullers, le jeune scénariste des deux derniers Austin Powers.

Robert De Niro sera présent, ainsi que les deux actrices principales dont l'une, Tina Fey, vient de la télévision et d'un célèbre talk-show du samedi soir, Saturday Night Live.

Ce film, qui raconte l'histoire d'une femme d'affaires riche et célibataire qui fait porter son enfant à naître par une autre, vise le haut du box-office et correspond à la face «légère» de ce festival aux multiples facettes, particulièrement apprécié pour la qualité des documentaires qui y ont été présentés.

Ainsi Un taxi pour l'enfer du documentariste américain Alex Gibney, une enquête implacable sur la mort en 2002 sous la torture, dans une prison militaire américaine, d'un jeune chauffeur de taxi en Afghanistan, a-t-il reçu la consécration cette année aux Oscars après avoir été primé en 2007 à Tribeca.

Le programme 2008 a été ramené de 160 à 120 films, et le choix devient de plus en plus international, avec des films d'animation de qualité et plusieurs films étrangers, notamment pakistanais et tunisiens. «Si la présence de Robert De Niro nous permet d'avoir des films hollywoodiens, nous avons rétréci la programmation pour mieux nous occuper des invités et garder une dimension gérable», ajoute cet ancien responsable de la Cinémathèque française et directeur pendant près de vingt ans du festival de San Francisco, l'un des premiers à découvrir le cinéma soviétique.

«Nous voulons garder une spécificité new-yorkaise, aussi les lauréats reçoivent ils, à part l'argent qui vient des sponsors, des oeuvres d'art: cette année c'est le peintre Julian Schnabel qui offrira un tableau», dit Peter Scarlet. Julian Schnabel vient en outre de remporter un succès aux États-Unis avec son film Le scaphandre et le papillon.

Trait d'union entre la France et New York, et passage obligé pour Tribeca, un autre moment fort sera la projection de Man on the Wire, documentaire britannique de James Marsh consacré à l'artiste Philippe Petit qui, après une préparation clandestine de près d'un an, traversa en funambule l'espace séparant les tours jumelles du World Trade Center, en 1974, avant d'être arrêté par la police.

Le documentaire a remporté plusieurs prix dont le prix du public en janvier 2008 au Sundance Film Festival, créé par l'acteur américain Robert Redford en 1981 et devenu un festival phare du cinéma indépendant.