Iron Man est le premier des 10 films que Marvel autofinancera. En guise de général, le réalisateur Jon Favreau. À titre de plus haut gradé de la distribution, Robert Downey Jr. Si le premier avait l'aval du studio, le combat n'était pas gagné d'avance pour le second...

«Non.» La réponse a sonné comme une claque pour Jon Favreau qui, rencontré à New York la semaine dernière, semble encore un peu sonné par ce souvenir. Engagé pour réaliser Iron Man, il venait de se faire refuser le seul acteur qu'il voyait dans le rôle-titre: Robert Downey Jr.

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La critique du film.

Les bonzes de Marvel ne voulaient prendre aucun risque dans la mise au monde du premier des 10 longs métrages qu'ils ont annoncé vouloir autofinancer. Or Robert Downey Jr., dont les problèmes de drogue ont fait les délices des journaux à potins, était un risque. Aujourd'hui stable et sobre (officiellement), le comédien continue d'ailleurs de jouer la carte du mauvais garçon.

Entrée dans la salle où l'attend une poignée de journalistes. «Here comes Iron Man! lance quelqu'un. Capable de lever une bouteille d'eau ET un café en même temps!» Le comédien d'éclater de rire en s'asseyant: «Vous pensez que c'est du café...» Rires.

Comment Jon Favreau a-t-il convaincu ses producteurs? «Un bout d'essai.» Parce que la vedette de Chaplin est un acteur de haut calibre. «Souvenez-vous de Pirates of the Caribbean. Qui voulait entendre parler d'un film basé sur un manège de Disneyworld avant que Johnny Depp n'entre dans le décor? Robert a eu le même effet pour Iron Man

Car quand la rumeur a commencé à courir que l'homme de fer allait s'attaquer au grand écran, l'idée que Marvel devait maintenant puiser dans son «équipe B» pour continuer à creuser ce profitable filon qu'est le septième art a elle aussi couru. Hé, depuis 1998, les films inspirés des superhéros de cette écurie (Spider-Man, X-Men, Fantastic Four) ont rapporté près de cinq milliards au box-office!

Il est peu... risqué de dire qu'Iron Man va contribuer à ce pactole. «Sam Raimi, Chris Nolan, Ang Lee ont donné une crédibilité à ce genre de films. Ils ont donné un ton, en mêlant le drame humain aux exploits surhumains, en mettant l'histoire de l'avant. Et s'il y a une chose que je sais faire, c'est raconter une histoire. Pour le spectaculaire, il y a toujours moyen de s'entourer de gens très qualifiés», assure Jon Favreau (réalisateur de Zathura et Elf et scénariste de Swingers).

Or, il se trouve que l'histoire était le principal défi d'Iron Man. Créé en 1963 par Stan Lee qui a utilisé Howard Hughes comme source d'inspiration (et, souligne Robert Downey Jr., «une partie du film a été tournée à Playa Vista, dans les anciens hangars où Hughes a fabriqué le Spruce Goose»), ses aventures s'amorcent sur fond de guerre du Vietnam.

C'est là que vont les armes que fabrique Tony Stark. Là qu'il se rend pour tester sa nouvelle invention. Est blessé. Capturé. Soigné - seul un éclat d'obus demeure, tout près de son coeur désormais affaibli. Et est obligé par ses kidnappeurs de fabriquer une arme très destructrice. À la place, il invente l'armure qui lui permet de s'évader. Celle de Iron Man. Qu'il améliorera par la suite, et utilisera pour réparer les dégâts qu'il a causés sans en avoir conscience.

«Nous avons déplacé l'action en Afghanistan, ce qui est... disons, très à propos», fait Jon Favreau. Et puis, avec deux duos de scénaristes, il a fignolé ce «film des origines». La «naissance» d'Iron Man, qu'il a fallu adapter à notre monde contemporain: «Ce que Stan Lee décrivait dans les années 60 et qui était de la science-fiction... on trouve ça, aujourd'hui, dans n'importe quel magasin, à bas prix. Le scénario devait refléter nos nouvelles réalités technologiques, sociales et politiques. C'était le grand défi.»

Et passer tout cela, sans (trop) faire la morale, à travers le destin de Tony Stark/Iron Man. Personnage fascinant s'il en est. «Ce type a toujours pensé être un des bons gars, il protège les intérêts de son pays. Et soudain, il se rend compte qu'il fait partie des méchants. C'est ce qui m'a toujours intéressé en lui, ce mélange d'intelligence et d'ingénuité», conclut Robert Downey Jr. en prenant une gorgée de... quoi, au juste? Rires.