«C'est quoi, au juste? Un nouveau Roger Rabbit? Un autre Beowulf?» Les bonzes de Warner qui, les premiers, ont eu en main le nouveau projet de Larry et Andy Wachowski... n'y ont rien compris.

Ils n'ont pas paniqué - car ils avaient eu la même expérience avec The Matrix: «À l'époque, on avait senti qu'on avait quelque chose de génial sous les yeux, mais on n'y comprenait rien», se souvient le producteur Joel Silver, complice des frangins depuis leurs débuts hollywoodiens, il y a 10 ans.

Même sentiment cette fois-ci. Mais les interrogations portaient non plus sur le fond, mais sur la forme.

Parce que l'histoire de Speed Racer, destinée au public familial et inspiré d'un dessin animé japonais de la fin des années 60, est simple: dans la famille Racer, on carbure à la course automobile. Même si l'aîné, Rex, a trouvé la mort sur une piste. Speed (Emile Hirsch), le deuxième fils, a pris la relève, sous l'oeil attendri et attentif de Pops (John Goodman) et de Mom (Susan Sarandon). Et le garçon a tellement de talent qu'il attire l'attention d'un homme d'affaires prêt à tout pour l'avoir dans son écurie. Au détriment de toute éthique. Heureusement, un mystérieux coureur masqué, Racer X (Matthew Fox, le beau doc de Lost) veille au grain.

C'est dans la manière de présenter cette aventure à l'écran que les Wachowski ont «perdu» leurs intervenants. Ils désiraient révolutionner la manière de filmer des courses automobiles de la même manière qu'ils ont révolutionné celle de montrer des gens en train de se battre. Entre autres, en adaptant la technique que l'on connaît maintenant sous le nom de «bullet time» pour en faire du «racer time». Et réaliser un film qui soit... un «live-action cartoon». Ni film d'animation, ni film traditionnel... mais les deux à la fois.

De vrais acteurs dans de vrais décors, donc. Le tout, traité comme un dessin animé. Des couleurs primaires, vibrantes, presque à aplat. «Nous avons créé une palette appelée «poptimiste» et nous l'avons appliquée sur des décors où plusieurs époques et styles coexistent - du «rétro-futuriste», quoi!» explique Joel Silver. De plus, tout ce qui entoure les personnages - paysages naturels ou urbains, pistes de course, etc. - a été filmé en plusieurs temps, en plusieurs couches, par la suite réamalgamées - histoire de gommer toute perspective. Pas de premier plan, ni d'arrière-plan dans ces images. Du... plat. Comme dans un dessin en deux dimensions.

«En fait, Jerry et Andy appellent ça de l'animation 2,5-D. J'avoue qu'au départ, nous n'y avons rien compris. Il a fallu qu'ils nous fassent une prévisualisation, un segment de course qui durait quatre minutes, pour que nous commencions à y voir un peu plus clair. C'était en décembre 2006. Et c'était si convaincant que nous leur avons donné le feu vert», résume Joel Silver... sachant pertinemment qu'il n'est pas vraiment clair. Il faut voir Speed Racer pour comprendre à quel point on est, visuellement, ailleurs. Un trip psychédélique, rien de moins.

Attachez vos ceintures avant d'embrayer...

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Speed Racer prend l'affiche aujourd'hui, en anglais et en français.

Les frais de voyage de ce reportage ont été payés par Warner Brothers.