Longtemps mauvais garçon à l'écran avant de devenir un cinéaste respecté, l'Américain Sean Penn, président du jury du Festival de Cannes 2008, est également connu pour ses prises de position politiques tranchées et son caractère bien trempé.

«Très excité» à l'idée d'exercer ce rôle crucial sur la Croisette, Sean Penn avoue avoir «hésité», dans un entretien au magazine Première.

«Car la fonction implique de rester sobre et attentif aux films que l'on voit pendant une longue période, dans une situation où les tentations ne manquent pas», a-t-il confié.

Sorti fin 2007, Into the Wild son quatrième film en tant que cinéaste, a consolidé la réputation artistique d'un Californien de 47 ans, entré au Panthéon de Hollywood en 2004 avec l'Oscar du meilleur acteur pour Mystic River.

Yeux plissés et mèche rebelle, Penn n'a pas un visage de jeune premier comme Tom Cruise avec qui il débutait dans Taps en 1981, après une première apparition confidentielle, à 14 ans, dans le feuilleton La petite maison dans la prairie aux côtés de sa mère, l'actrice Eileen Ryan.

On le verra aussi dans la comédie adolescente culte aux États-Unis Fast Times at Ridgemont High (1983), où il donne la réplique à deux autres futurs «oscarisés», Nicolas Cage et Forest Whitaker, mais à l'époque, il doit surtout sa célébrité à son mariage en 1985 avec Madonna, alors en pleine ascension.

De cette union qui durera cinq ans reste le navet Shanghaï Surprise (1986) et quelques épisodes peu glorieux: en 1987, Penn, dont le caractère entier est connu, passe 32 jours en prison pour avoir frappé un figurant.

Le fils de Leo Penn, réalisateur persécuté lors de la «chasse aux sorcières» des années 1950, connaît un nouveau départ avec son rôle de recrue policière dans Colors (1988) de Dennis Hopper ou de militaire violent dans Outrages de Brian de Palma (1989).

En 1991, à 31 ans, il passe pour la première fois derrière la caméra avec The Indian Runner, un succès d'estime inspiré de la guerre du Vietnam, avant de récidiver en 1995 dans Crossing Guard ou encore dans The Pledge en 2001, deux films avec Jack Nicholson.

En 1996, il est nommé une première fois aux Oscars dans la catégorie du meilleur acteur pour son rôle dans La dernière marche de Tim Robbins, où il incarne un condamné à mort.

La même année, il épouse l'actrice Robin Wright, la «Kelly» de la série Santa Barbara, dont il a deux enfants, et en 1997 il remporte le prix d'interprétation masculine à Cannes pour son rôle dans She's So Lovely.

Spécialiste des films sombres, il doit attendre une quatrième nomination aux Oscars pour gagner enfin une statuette grâce à son interprétation bouleversante d'un père vengeur dans Mystic River, signé par un autre acteur-réalisateur, Clint Eastwood.

Road Movie vers l'Alaska d'un jeune marginal, son dernier film Into the Wild, malgré une critique très favorable, a été ignoré par la saison des Oscars 2008 après avoir davantage séduit à l'étranger qu'aux États-Unis.

Contempteur de l'administration Bush et de la guerre en Irak depuis le début, Penn avait brillé par son absence lors des Oscars 2003, quelques mois après un voyage polémique à Bagdad à l'époque où Saddam Hussein était encore au pouvoir.

Dans la même veine, il avait signé en 2005 une série de reportages pour le San Francisco Chronicle sur l'Iran réalisés à l'occasion de l'élection présidentielle dans ce pays.

La même année, il avait entrepris de secourir des victimes de l'ouragan Katrina, à La Nouvelle-Orléans, une opération qui avait tourné court car son bateau prenait l'eau.