Le Brésilien Fernando Meirelles, dont le film Blindness inspiré du roman L'Aveuglement de José Saramago est projeté à l'ouverture du Festival de Cannes et en compétition pour la 61e Palme d'or mercredi, excelle dans l'art difficile d'adapter la littérature au cinéma.

Après La Cité de Dieu et The Constant Gardener où il restait fidèle au livre original tout en signant des films personnels, le cinéaste a adapté le roman aux personnages anonymes écrit par le Portugais Saramago, infatigable sondeur de l'âme et de la société humaines, lauréat du Prix Nobel en 1998.

Né à Sau Paulo en 1955, Meirelles a suivi des études d'architecture avant de se tourner vers le cinéma, où il est aussi actif dans la production.

Le succès mondial de La Cité de Dieu lui a apporté une reconnaissance internationale, mais Meirelles avait déjà signé plusieurs courts métrages et deux longs, O menino maluquinho 2 (1996) et Domésticas (2001), primé au Festival de Toulouse en 2002, deux mois avant que La Cité de Dieu ne soit sélectionné par le Festival de Cannes et applaudi par la critique.

Du roman éponyme réputé inadaptable avec sa foule de personnages imaginés par Paulo Lins, Meirelles a tiré un film dramatique et intense, qui montre sans concessions la violence des favelas de Rio, et l'une des oeuvres les plus fortes du cinéma brésilien contemporain.

Cinéaste témoin, Meirelles ne se considère pas militant car «malheureusement le cinéma ne change rien, il ne sert qu'à montrer».

Il a voulu «faire un film pour montrer aux Brésiliens un aspect de leur pays qu'ils ne connaissent pas et que tout le monde devrait connaître», une réalité qui lui-même ignorait avant de lire Lins, déclarait-il alors à l'AFP.

Trois ans plus tard, il se voit proposer une production déjà lancée, celle de The Constant Gardener, à ce jour la meilleure adaptation au cinéma d'une oeuvre de l'écrivain britannique John Le Carré, de l'avis de ce dernier.

Meirelles a simplifié l'intrigue du roman et mis l'accent sur sa partie africaine, apportant à celle-ci un sentiment d'urgence et un ton baroque, dans un film où se mêlent thriller, histoire d'amour et dénonciation des grandes firmes pharmaceutiques qui réalisent des essais sur les Africains.

«Sans vouloir manquer de courtoisie à l'égard des adaptateurs précédents de mes livres, c'est sans nul doute la première fois qu'un cinéaste en tire un grand film, et un film personnel, dans lequel il dit ce qui lui tient à coeur», avait déclaré John Le Carré lors de l'avant-première du film.

Le Festival de Cannes, le plus important festival de cinéma au monde, a aujourd'hui la primeur du dernier film de Meirelles, Blindness.

Celui-ci met en scène Julianne Moore, Mark Ruffalo, Danny Glover, Gael Garcia Bernal et prend pour cadre à l'instar du roman de Saramago, une ville indéterminée, sur laquelle s'abat une mystérieuse épidémie de cécité.

Il appartient à l'exigeant public professionnel de Cannes de juger si cette adaptation est aussi réussie que les précédentes.