Si les frères Dardenne obtiennent une troisième Palme d'or le 25 mai avec Le silence de Lorna, ce serait une première, aucun cinéaste n'ayant obtenu pour l'instant plus de deux fois ce prestigieux trophée. Leur dernier long métrage était l'un deux films présentés lundi en compétition au 61e Festival de Cannes, avec Two Lovers, de l'Américain James Gray.

Dans leur sixième long métrage, les cinéastes belges, déjà deux fois «palmés» pour Rosetta en 1999 et L'enfant en 2005, suivent l'itinéraire d'une jeune Albanaise (Arta Dobroshi, originaire du Kosovo) qui a contracté un mariage blanc pour obtenir la nationalité belge. Elle a épousé un toxicomane, Claudy (Jérémie Renier), dont elle doit divorcer rapidement pour ouvrir un snack à Liège avec son compagnon.»

Afin de trouver l'argent nécessaire, elle accepte, une fois le divorce consommé, d'effectuer un nouveau mariage blanc avec un mafieux russe. Mais les sentiments qu'elle finit par éprouver pour Claudy remettent en cause l'avenir qu'elle s'était tracé.

Le film de Jean-Pierre et Luc Dardenne, sombre, à l'image des nuages planant lundi au-dessus de la Croisette, mais bien construit et emmené par l'interprétation convaincante d'Arta Dobroshi, a été applaudi par les festivaliers.

Le deuxième film en compétition, Two Lovers, nous emmène à New York, où Leonard (Joaquin Phoenix) hésite entre deux voies: se marier avec Sandra (Vinessa Shaw), la femme que ses parents ont choisi pour lui, ou suivre son attirance pour sa nouvelle voisine, Michelle, (Gwyneth Paltrow), belle et volage, dont il est tombé amoureux.

Après Little Odessa, The Yards et La nuit nous appartient, James Gray raconte cette fois une histoire d'amour, avec un homme déchiré entre deux femmes. «Plusieurs sources d'inspiration sont à l'origine de Two Lovers. L'une d'elle est Les nuits blanches, une nouvelle de Dostoevski sur un homme qui développe un amour platonique et une véritable obsession pour une femme qu'il rencontre dans la rue», a expliqué James Gray, qui dit avoir trouvé «cette nouvelle très émouvante».

Parallèlement au Festival, la 6e Journée de l'Europe était organisée lundi à Cannes, en présence notamment de la ministre française de la Culture et de la Communication Christine Albanel, et du président de la Commission européenne, José Manuel Barroso.

«Je crois beaucoup à l'avenir du cinéma européen et je suis fier de la Commission, car à travers certains programmes, nous sommes en train de participer au renouveau du cinéma européen», a-t-il confié lundi à l'Associated Press, au cours d'un «déjeuner de l'Europe» organisé au Palais des festivals. «Nous avons la démonstration, contrairement à ce qu'on dit parfois, que la mondialisation ne veut pas dire uniformisation, qu'on peut dire le contraire».

Dans l'après-midi, José Manuel Barroso a également participé à l'hommage rendu à Manoel de Oliveira (Le soulier de satin, Le couvent, La lettre) pour ses 100 ans (il les aura en décembre) par le Festival de Cannes. Il a affirmé que le cinéaste, qu'il connaît bien, était un «un homme exceptionnel» qui continuait «à nous parler comme s'il avait 25 ans», «avec ses projets».

Ce réalisateur, qui est le doyen des cinéastes en activité, est «d'une grande élégance, d'une grande rigueur» et «ne fait pas de concessions au commercial», a ajouté M. Barroso. «C'est quelqu'un qui s'appuie sur des grands textes, comme Claudel», a-t-il également souligné, en expliquant qu'il était venu pour lui dire son «admiration» et «son respect».

Au menu de cet hommage: la projection du premier film du cinéaste portugais, Douro, faina fluvial (1931), un court métrage, ainsi qu'un autre court métrage réalisé sur lui par Gilles Jacob, Un jour dans la vie de Manoël de Oliveira. Le cinéaste a ensuite reçu une Palme d'or pour l'ensemble de son oeuvre.

Mardi, deux nouveaux films seront en compétition: Changeling, de l'Américain Clint Eastwood, relatant l'histoire d'une femme (Angelina Jolie) dont le fils a été kidnappé, et Delta, du Hongrois Karnel Mundruczo, sur un frère et une soeur qui vivent ensemble dans un village du delta du Danube, une relation mal vue par les villageois. Maradona by Kusturica, du serbe Emir Kusturica, sera présenté hors compétition.