Quelques films de la compétition, vus au cours des derniers jours.

On s'attendait à un peu plus

Walter Salles (Gare centrale, Carnets de voyage) cosigne la réalisation de Linha de Passe avec sa complice de la toute première heure, Daniela Thomas. Cette plongée dans une famille d'un quartier populaire de São Paolo est truffée de belles qualités, mais nous laisse quand même un peu sur notre appétit. Interprété principalement par des acteurs non professionnels, ce qui accentue le caractère authentique de cette fiction filmée à la manière d'un documentaire, ce film se distingue par le regard sociologique que portent les cinéastes brésiliens. On aurait quand même aimé un regard peut-être plus aiguisé sur cette famille constituée d'une mère - enceinte d'un «père inconnu» pour la cinquième fois - et de quatre demi-frères, parmi lesquels deux sont «appelés» par les deux religions du pays: le ballon rond et les télévangélistes.

Linha de Passe
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Oui, mais encore?

Le cinéaste italien Matteo Garrone s'est amené sur la Croisette avec l'un des films les plus attendus de la sélection. Gomorra est en effet la mise en images du livre explosif que le journaliste Roberto Saviano a écrit à propos du système implacable dans lequel opère la mafia italienne, particulièrement celle de Naples. Le succès du livre lui a d'ailleurs valu des menaces de mort qui font que l'auteur est aujourd'hui constamment sous surveillance policière. Garrone a ainsi filmé au plus sec, avec rigueur et précision. Curieusement, cette approche constitue aussi un peu la limite du film. En éliminant pratiquement toute dramaturgie pour mieux illustrer le caractère effroyable de tous ces règlements de comptes, les six scénaristes prennent ici le risque de ne proposer au spectateur rien qu'il ne sache déjà. Gomorra sera distribué chez nous par les Films Séville plus tard cette année.

Gomorra
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Pétard mouillé

Le jeune cinéaste philippin Brillante Mendoza s'est construit une réputation enviable sur le circuit des festivals avec des films comme Le masseur, Manoro ou John John. Gros baptême du feu dans la plus prestigieuse catégorie cannoise avec un film qu'on annonçait novateur et sulfureux, et dont l'intrigue se déroule au sein d'une famille qui dirige un cinéma porno. Certains choix de réalisation se révèlent intéressants (notamment le choix du son direct dans une ville comme Manille), mais le cinéaste ponctue son inexistante intrigue de scènes faussement provocantes et vides de sens. La réputation de monsieur Mendoza serait-elle un peu surfaite?

Serbis
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