Absente de la compétition officielle l'an dernier, l'Italie fait un retour en force cette année avec deux productions à saveur politique. La première à passer le test cannois est Gomorra, de Matteo Garrone, portrait pas toujours convaincant des ramifications de la mafia napolitaine au sein de la société italienne.

Gomorra - jeu de mots entre Gomorrhe et Camorra - suit le parcours de six personnages confrontés à la criminalité, dans les villes de Naples, Scampia, Castelvolturno et Terzigno, dominés par des guerres entre clans ennemis et des trafics de tout acabit : armes, drogues et déchets toxiques. Le film est inspiré d'un roman du journaliste Roberto Saviano, qui vit maintenant sous protection policière, après avoir reçu des menaces de mort.

Avec un réalisme quasi documentaire, Gomorra démontre le degré de contamination de la mafia dans toutes les strates de la société italienne. Des enfants se font embrigader dès leur plus jeune âge. Des adolescents se prennent pour les héros de Scarface. Des adultes deviennent les exécuteurs des basses oeuvres de la mafia. On tue, on menace, on recycle l'argent sale dans la haute couture (on ne voit plus les robes de stars de la même façon), on dispose de matières toxiques n'importe où.

À sa façon, ce film fort instructif apporte un éclairage sur la crise des ordures ménagères à Naples. Seulement dommage que l'émotion soit diluée à travers un scénario trop ambitieux.

Sans queue ni tête

On ne savait pas trop à quoi s'attendre avec Serbis (Service), un film philippin de Brillante Mendoza inscrit à la compétition officielle. Après 10 minutes, on savait au moins une chose : seule la fin de la projection mettrait un terme à notre souffrance.

Ces 24 heures dans la vie d'une famille habitant à l'étage d'un cinéma porno tient du bric-à-brac. Les bruits de la rue enterrent les conversations, la caméra suit la montée et la descente des escaliers de l'un et de l'autre, parfois en temps réel (bonjour le suspense...), et les personnages essaient de tuer l'ennui du mieux qu'ils peuvent.

Le projectionniste se fait faire une pipe par un travelo, tandis que le fils de la famille fait guili-guili avec sa petite copine, de peine et de misère, le pauvre, puisqu'un furoncle lui pousse sur la fesse. L'irruption d'une... chèvre, sur la scène du cinéma, provoquera un grabuge pas possible parmi la faune homosexuelle occupée elle aussi à se faire des choses pas catholiques dans la pénombre.

S'il existait une Palme d'or de l'insignifiance et de l'ennui, elle irait sans aucune opposition au film de Mendoza.