L'Argentine était à l'honneur mercredi à Cannes avec l'un des films les plus attendus de l'année, Che de l'Américain Steven Soderbergh, où Benicio Del Toro incarne le célèbre guérillero, mais aussi avec La femme sans tête de Lucrecia Martel.

Les festivaliers - invités de gala, tout comme la presse - n'ont découvert Che que dans la soirée, en l'absence de projection matinale.

Cette montée des marches a attiré les foules. L'ex-footballeur argentin Diego Maradona et l'ex-boxeur américain Mike Tyson étaient là pour assister à cette projection-fleuve de 4h28 (avec entracte).

Tous deux sont des admirateurs du révolutionnaire et ont un tatouage à son effigie.

Également présente, l'équipe de Bienvenue chez les Ch'tis, le film de Dany Boon, qui a franchi la barre des 20 millions de spectateurs en France et se rapproche du record de 20,75 millions détenu par l'Américain Titanic (1998).

Les badauds ont eu droit à une double ration de stars. Ils ont ensuite assisté à une deuxième montée des marches, surprise celle-ci, qui réunissait Madonna et Sharon Stone pour la présentation de I am because we are, documentaire sur les orphelins du Malawi produit par la chanteuse.

Sacré à 25 ans pour Sexe, mensonges et vidéo, Palme d'or 1989, Soderbergh est pour la troisième fois en compétition avec Che qui relate la vie du jeune rebelle argentin, figure de la révolution cubaine.

«Fasciné» par une vie aux «allures de roman d'aventures», Soderbergh a voulu montrer «le processus par lequel un homme doté d'une volonté sans faille va découvrir sa capacité à inspirer et mener d'autres hommes, affirme-t-il dans un bref texte distribué à la presse.

Scindé en deux pour sa sortie en salles - le premier volet est attendu en octobre, le second en novembre -, Che l'est aussi sur le plan esthétique.

Car la première partie, qui évoque la révolution cubaine à travers le regard du héros est cadrée en cinémascope, tandis que la deuxième, qui raconte la «fuite en avant» du héros vers un «cul-de-sac idéologique» explique Soderbergh, est filmée dans un style «qui indique que tout peut arriver à tout moment».

Après Leonera de Pablo Trapero le festival de Cannes accueille la deuxième fiction argentine en compétition: La femme sans tête de Lucrecia Martel, née en 1966 et venue quatre ans auparavant avec La nina santa.

Produit par la société de l'Espagnol Pedro Almodovar et son frère, El Deseo, elle suit une femme de la bourgeoisie provinciale argentine.

Un jour alors qu'elle file en voiture sur une route de campagne, Veronica (Maria Onetto) heurte quelque chose, mais elle n'a pas la force d'aller voir.

Choquée, elle pense avoir tué quelqu'un et perd peu à peu goût à la vie.

En quelques cadres élégants, suivis de plans serrés sur le visage d'une Veronica mutique, Lucrecia Martel capte le vague à l'âme éprouvé par son héroïne en guise de culpabilité, dans de subtiles ambiances de déliquescence.

«Pour moi le mal ne résulte pas d'une organisation mafieuse, c'est quelque chose de gentil, d'inoffensif», a expliqué la réalisatrice.

Séduit au départ, le spectateur finit par décrocher, le propos de la réalisatrice s'avérant, au final, aussi ténu que le scénario du film.

huit derniers films en lice (sur 22) pour la Palme d'or seront présentés d'ici à dimanche. Mercredi, L'échange de Clint Eastwood avec Angelina Jolie entrait dans les favoris des critiques du monde entier compilés par le magazine américain Screen.