Le cinéaste canadien Atom Egoyan a présenté, jeudi au Festival de Cannes, son long métrage en compétition Adoration, un film qui - comme La frontière de l'aube, du Français Philippe Garel - n'invite guère à l'optimisme.

Nous sommes à Toronto. Un adolescent, Simon (Devon Bostick) qui vit chez son oncle Tom (Scott Speedman), a du mal à accepter la disparition de ses parents, morts dans un accident de la route. Il invente une histoire sur son père, en le présentant comme un terroriste, et la diffuse sur Internet. Des réactions, souvent indignées, lui proviennent du monde entier et ont des conséquences imprévues sur sa vie et sur celle de son entourage.

«Ce qui s'est passé depuis 20 ans, c'est qu'aujourd'hui tout le monde peut fabriquer des images et nous pouvons tous transmettre nos pensées», a commenté Atom Egoyan, réalisateur d'Exotica, Ararat et lauréat du Grand Prix du Jury à Cannes en 1997 pour «De beaux lendemains».

Dans «Adoration», son 12e long métrage, il se penche sur les dérives possibles que peut présenter Internet, avec la rapidité de transmission d'informations qu'il devient de plus en plus difficile à contrôler. S'il aborde des thèmes intéressants, le film d'Atom Egoyan est toutefois difficile d'accès pour le spectateur, qui reste très extérieur à cette histoire de famille, avec Internet en toile de fond. Le long-métrage a d'ailleurs récolté quelques sifflets des festivaliers lors de sa première projection.

C'est toutefois par La frontière de l'aube, de Philippe Garrel, deuxième des trois films français en compétition, que les festivaliers ont commencé la journée, marquée par le retour d'un soleil généreux sur la Croisette, et de quelques baigneurs sur les plages cannoises. Le film, plutôt bien construit, mais très limité par un scénario sans grand intérêt, a suscité des réactions contrastées des festivaliers cannois.

Le film commence à Paris, par la rencontre entre un photographe, François (Louis Garrel, le fils de Philippe Garrel, qui a notamment joué dans Actrices et Les chansons d'amour), et une comédienne, la fragile Carole (Laura Smet, déjà vue dans Les corps impatients et La demoiselle d'honneur), délaissée par son époux, qui travaille à Hollywood. Ils deviennent amants, mais le retour du mari va contrarier leur amour naissant. Suite à la séparation, François va commencer à être perturbé par des apparitions.

Sélectionné pour la première fois en compétition à Cannes, Philippe Garrel a remporté à deux reprises un Lion d'argent à Venise, notamment en 2005 pour Les amants réguliers. Le cinéaste, influencé par la Nouvelle Vague, a opté pour le noir et blanc dans la réalisation de ce nouveau film. Un choix qu'il explique par... les apparitions.

«Je ne pouvais pas faire un film pareil en couleurs. Le noir et blanc permet d'être plus facilement dans l'imaginaire», a-t-il confié, en soulignant qu'il n'avait pas «voulu faire de trucage numérique, d'images de synthèse, plutôt faire du bricolage à la manière de Jean Cocteau».

Vendredi, la journée sera chargée au Festival de Cannes, puisque trois films seront en compétition: Synecdoche, New York, de l'Américain Charlie Kaufman, évoquant les difficultés d'un metteur en scène pour monter une pièce de théâtre, Il Divo, de l'Italien Paolo Sorrentino, sur l'homme politique italien Giulio Andreotti, et My Magic, du Singapourien Eric Khoo, l'histoire d'un magicien qui connaît des problèmes d'alcoolisme.