Le Canadien Atom Egoyan, un abonné de la Croisette, où quatre de ses films ont été présentés en compétition officielle, était de retour par la grande porte, hier, avec Adoration, une exploration parfois déroutante des rapports humains à l'ère des nouvelles technologies.

Le réalisateur de De beaux lendemains (Grand Prix du jury et Prix du jury en 1997) brosse un portrait familial complexe gravitant autour d'un adolescent à la recherche de ses origines (Devon Bostick), qui se construit une histoire inventée sur un supposé complot terroriste impliquant ce père qu'il n'a jamais connu. Le jeune lancera son récit sur le Net, entraînant du coup des réactions virtuelles passionnées.

Sans être le plus accompli des films d'Egoyan, Adoration n'en demeure pas moins un étrange objet de curiosité, cérébral à souhait, où une histoire en recoupe une autre. Avec, en toile de fond, les thèmes de prédilection du cinéaste d'origine arménienne - l'identité, la complexité des rapports humains, la nature subjective de la vérité, les différences entre l'apparence et la réalité.

Pour le réalisateur de 48 ans, son film prend prétexte des dérives d'Internet pour aborder «la retenue émotionnelle des personnages» et, par la bande, s'aventurer à nouveau dans l'univers des secrets familiaux. «L'adolescent ne pensait pas avoir autant de succès en lançant son histoire sur le Net. Ça ne l'a pas rapproché pour autant de ce qu'il cherche à savoir sur ses parents. La technologie est là pour l'aider à trouver ce qui lui est caché sur ses origines», a-t-il expliqué en conférence de presse, en compagnie des comédiens de son film, Bostick, Rachel Blanchard et Scott Speedman.

À l'heure où des millions d'internautes se construisent des personnalités devant leur écran, Atom Egoyan croit qu'Internet est une nouvelle façon d'entrer en contact avec l'autre, ce qui n'est pas toujours facile dans la réalité. «Le danger, c'est que tout le monde peut se réfugier derrière une autre personnalité. Internet déforme tout. Contrairement à ce que laissent croire la plupart des films, l'approche d'un autre être humain est quelque chose d'extrêmement mystérieux et difficile.»