Le seul Québécois à Cannes cette année revient avec une récompense. Le film Next Floor du cinéaste Denis Villeneuve a remporté le Grand Prix Canal+ du meilleur court métrage présenté à la Semaine internationale de la Critique, la plus ancienne section parallèle du Festival de Cannes.

«Imagine, un prix à Cannes! Je n'en reviens pas. Déjà que je ne pensais pas être sélectionné. C'est mon retour au cinéma après huit ans. Je suis super ému», a-t-il avoué lorsque La Presse l'a joint au téléphone après la cérémonie de remise de prix.

Le cinéaste est retourné d'urgence à Cannes hier puisque les organisateurs de la Semaine de la Critique insistaient pour qu'il soit présent. Il est arrivé sur la Côte d'Azur juste à temps pour recevoir son prix, lors de la cérémonie qui avait lieu en soirée.

Denis Villeneuve recevra environ 9350$ en matériel pour le tournage de son prochain film. Il bénéficiera également d'une résidence d'un mois au Moulin d'Andé, situé en Normandie, qui comprend un Centre des écritures cinématographiques. En outre, la chaîne Canal+ achètera les droits du film pour diffusion à l'antenne.

Un réalisateur choyé

«Je partage ce prix avec ma productrice Phoebe Greenberg. C'est elle qui a lancé le projet et l'a soutenu. C'était son premier film, mais elle l'a fait comme si elle en avait produit 30 avant. J'ai été très choyé», confie le réalisateur des longs métrages Maelström et Un 32 août sur terre, qui avait été présenté à Cannes il y a 10 ans.

Next Floor raconte en 10 minutes, sans dialogue, un banquet où 11 convives, servis par une horde de valets, participent à un étrange rituel aux allures de carnage gastronomique. Denis Villeneuve ajoute qu'il compte travailler avec sa productrice à un projet de même facture, mais dans le cadre d'un long métrage.

«Avec elle, c'est sûr, fait-il. Quand elle m'a proposé le projet, des idées et des atmosphères me rôdaient déjà dans la tête. Le long métrage, oui, on commence à y penser sérieusement.»

Chose certaine, Villeneuve, qui a terminé le tournage de Polytechnique avec Karine Vanasse et qui devrait s'attaquer cette année à Incendies, d'après la pièce de Wajdi Mouawad, croit en l'importance du court métrage.

«C'est un genre difficile, dit-il. Les gens font leurs premières armes avec ça, mais c'est rare qu'ils y retournent. On me regarde un peu comme un ovni. Certains en font parfois en collectif, mais ce n'est jamais heureux. J'ai fait ce film parce que je considère que c'est un genre en soi.»

Côté longs métrages, le Grand Prix de la Semaine de la critique a été décerné à Snow, premier film de la Bosniaque Aida Begic, parmi sept longs métrages en compétition.

C'est la deuxième année consécutive qu'un court métrage canadien reçoit le prix du meilleur court métrage. En 2007, la Semaine de la critique avait couronné le film Madame Tutli-Putli, de Chris Lavis et Maciek Szczerbowski.