Vingt-et-un ans après Maurice Pialat (Sous le soleil de Satan), Laurent Cantet a permis à la France de mettre la main sur la prestigieuse Palme d'or, hier soir, à Cannes, avec sa chronique sur la vie d'une classe d'adolescents, Entre les murs. Flanqué des 24 jeunes de son film, ainsi que de l'auteur du roman et comédien François Bégeaudau, Cantet a dit souhaiter, en conférence de presse post-cérémonie, que cet honneur permette au public de revoir son opinion sur le système d'éducation.

«C'est un film qui s'adresse aux gens qui ne savent pas ce qu'est l'école, à ceux qui n'y ont pas mis les pieds depuis longtemps, a expliqué le réalisateur de L'emploi du temps et Ressources humaines. «Des gens qui ont souvent des idées reçues sur ce qu'est l'école, le métier d'enseignant ou les jeunes d'aujourd'hui, trop souvent perçus comme des crétins.»

Entre les murs raconte une année dans la vie d'un professeur de français (Bégaudeau) et de sa relation avec une classe de jeunes qui n'ont pas la langue dans leur poche. C'est à l'unanimité que les membres du jury ont fait le choix de le sacrer meilleur long métrage des 22 en lice pour la Palme d'or.

En conférence de presse, Sean Penn a loué les grandes qualités d'Entre les murs. «Tous les jeux des personnages sont magiques, toute l'écriture est magique. C'est un film provoquant et très généreux qui a nous tous touchés profondément. C'est un cadeau d'un puissant optimisme.»

«C'est un coup de coeur», a enchaîné la réalisatrice et membre du jury Marjane Satrapi (Persepolis). «C'est un film qui va au-delà de la banlieue et de l'école, qui pose la véritable question de la démocratie. Dans ce film, il n'y a pas de réponses mais toutes les questions.»

Un autre membre du jury, le Mexicain Alfonso Cuaron (Les fils de l'homme) a résumé la pensée de ses collègues en déclarant que film de Cantet était habité de valeurs universelles. «Ce film est français, mais il parle au reste du monde par son sens de la solidarité et ses questions sociales. Il aborde de différents point de vue ce que signifie la véritable coexistence avec son prochain.»