Young People Fucking a défrisé les élus conservateurs, faisant planer un soupçon de censure sur l'industrie cinématographique canadienne. Carly Pope et Kristin Booth, comédiennes, ainsi que Aaron Abrams et Martin Gero, scénaristes et réalisateurs, reviennent sur un film au contenu bien moins sulfureux que son titre.

Young People Fucking, c'est l'histoire d'une soirée dans la vie de cinq couples. Ex, amis, colocataires, partenaires ou couple de sortie pour la première fois, tous vont ce soir passer à la casserole. Mais avant l'orgasme, ils auront beaucoup de chemin à faire.

Le film de Martin Gero se situe exactement là où les comédies romantiques jettent un voile pudique: entre le baiser et le lendemain matin. «Moi, j'aime les comédies romantiques, mais elles sont totalement dénuées de sexe», constate Martin Gero, scénariste de la série Stargate: Atlantis.

Avec Aaron Abrams, Martin Gero s'est donc fixé un objectif clair: faire rire en parlant de sexe. «Les conflits au lit font peur; les gens sont très vulnérables à cela. Ça donne de bonnes choses, de bonnes répliques», dit Aaron Abrams. «Il y a plein de conflits liés au sexe. Comme les conflits font les meilleures comédies, on s'est vraiment lancés là-dedans!» croit Martin Gero.

Pourtant, Young People Fucking ne verse pas dans l'humour de collégien boutonneux qui caractérise les comédies de Judd Apatow. Le film s'inspire plutôt de toutes les petites choses ponctuant la vie: une panne de désir par-ci, un problème d'épilation par-là, ou encore les bienfaits d'un point G caché dans les replis de l'intimité masculine...

«Ce sont un peu des archétypes: le couple, les amis, les ex. Le film ne marche pas si les gens ne peuvent pas s'identifier à ces personnages. Par exemple, un plan à trois, c'est le genre de choses que peu de gens admettent avoir fait! Sur celui-là, on se devait d'écrire de la façon la plus drôle possible. Pour les ex, c'est facile: tout le monde a un ex», croit Martin Gero.

Six films en un

Divisé en six parties, le film suit chaque couple, isolément des autres. Les trois semaines de tournage ont donc été réparties entre les différents couples. Les comédiens n'avaient ainsi qu'un partenaire pour donner chair à un personnage que l'on voit seulement dans une chambre à coucher.

Aaron Abrams et Carly Pope jouent un couple de vieux amis, qui, un soir de solitude, décident de s'apporter mutuellement un peu de réconfort. «Je n'avais rencontré Aaron que très brièvement avant de tourner. Il fallait tourner en trois jours et demi, se jeter tout de suite là-dedans», se souvient Carly Pope.

À la différence des comédiens de Shortbus - la sensation du cinéma indépendant américain de l'an dernier -, ceux de Young People Fucking miment le sexe, mais ne montrent et ne font rien. Ce qui n'a rien d'évident, souligne Aaron Abrams. «J'étais le premier à tourner nu, et je devais donner le ton, montrer que cela n'avait rien de si dur. En fait, c'est très inconfortable, ce que l'on porte pour tourner en sous-vêtements. J'étais très mal à l'aise, assis, en sous-vêtements, sur un comptoir de cuisine, avec les couilles écrasées là-dessous.»

Martin Gero et Aaron Abrams ont reçu près de 1000 comédiens pour choisir leurs 11 acteurs. «On cherchait d'abord des gens sexy, puisqu'on parle de sexe, et aussi des acteurs comiques. Donc si tu es drôle et sexy, tu es déjà célèbre et tu ne feras pas notre film! Ou tu sais que tu vas être une star et tu ne veux pas gérer la nudité», plaisante-t-il.

«On voulait également avoir des gens cool. Il faut créer un environnement sympa pour que le film marche. Les 11 personnes du film sont les seules que l'on a trouvées! On n'avait vraiment aucun plan de secours», poursuit-il.

Que les conservateurs se rassurent. Young People Fucking parle donc de jeunesse et de sexe, mais surtout de sentiments. «Tous les couples du film essaient de baiser, mais ils se rendent compte qu'il y a d'autres émotions attachées à cela, que c'est davantage qu'un acte physique», dit Aaron Abrams. Nous voilà rassurés.