Passera, passera pas, le projet de loi C-10? Pour l'équipe de Young People Fucking, associée malgré elle au projet de loi C-10, la controverse suscitée par le film est tout simplement «ridicule».

«Même sans crédits d'impôt, on aurait fait le film. Ailleurs, n'importe où, mais pas à Toronto. Cela aurait été 1,6 million de dollars de moins de dépensés au Canada. C'est ridicule, du point de vue artistique et du point de vue des affaires», croit la comédienne Kristin Booth.

En mars, le Globe and Mail a révélé l'existence d'un dispositif dans le projet de loi C-10 sur l'impôt sur le revenu qui permettrait au gouvernement de retirer rétroactivement des crédits d'impôt à des films jugés «contraires à l'ordre public». Le milieu du cinéma a alors crié à la censure, alors que certains députés citaient Young People Fucking comme exemple de film offensant... sans même l'avoir vu!

Les bons côtés d'une polémique

«C'est tellement étriqué, de dire du film qu'il est porno, alors qu'il parle d'un aspect de la vie de tout le monde! C'est un film drôle, qui n'a rien d'obscène. Je ne vois pas comment un film parlant de quelque chose de quotidien peut être inapproprié. C'est très intolérant», s'emporte Carly Pope.

En homme d'affaires avisé, le réalisateur Martin Gero prend la polémique du bon côté. «Cela ne nuit pas au film, au contraire. Le film a été jugé seulement à cause de son titre. Mais je crois que quand les gens le verront, ils se diront : ce n'est pas si mal! C'est juste du sexe! Rien ne pourrait être plus faux que de dire que le film s'oppose à la moralité du Canada», dit-il.

En fait, la controverse doit plus au titre du film qu'au film lui-même. Un bon coup de marketing? «Bien sûr, répond Martin Gero. Mais cela est le reflet du langage, de l'honnêteté du film! On ne parle pas de vieux qui jouent aux échecs. C'est un film canadien, on n'a pas de gros noms, je ne suis moi-même pas connu en tant que réalisateur, alors il faut un coup de pouce. Le titre doit intéresser les gens. Je crois qu'on a plutôt bien réussi sur ce plan-là.»