Sang, meurtres, créatures infâmes et fantomatiques: l'univers créatif du montréalais Sv Bell est pour le moins que l'on puisse dire noir. Rien à voir avec le personnage rencontré pour parler de la sortie de son plus récent film, Rise of the Ghost. Sv Bell est un homme de 39 ans tout sourire, bon vivant et qui ne ferait pas de mal à une mouche.

«Les gens comme nous n'ont absolument rien à cacher à l'intérieur. Les fantasmes, on les met sur papier, dans un tableau, dans un roman ou en film. À la rigueur, quelqu'un qui travaille dans un cabinet comptable de 9h à 5h et qui ne s'extériorise jamais peut être plus dangereux», lance Sv Bell, concepteur graphique - son travail de jour -, mi-sérieux.

Le public rêve-t-il secrètement d'avoir comme voisine une jolie tueuse en série? Ou de rencontrer trois soeurs cannibales qui jettent des restes humains dans un marécage prenant vie? Avec deux courts et cinq longs métrages à son actif, le succès que connaît sa boîte, Black Flag Pictures, indique qu'il y aurait plus de gens friands de morts-vivants et de monstres éventrés qu'on pourrait le croire.

Depuis 2006, Sv Bell apparaît dans le top 10 des réalisateurs de films de l'hebdomadaire Mirror aux côtés de Denys Arcand, Charles Binamé et Robert Lepage. «Ça fait drôle de voir mon nom à côté de quelqu'un de renommé comme Denys Arcand. C'est l'fun de savoir qu'il y a des gens qui s'intéressent à ce que je fais et qui prennent la peine de mettre mon nom dans des votes populaires», admet-il, modeste.

Depuis 2007, il vend ses productions aux quatre coins du monde par l'entremise d'un distributeur de Toronto. Son plus récent film, Rise of the Ghost, sera diffusé au petit écran en République tchèque et ailleurs en Europe. On peut aussi mettre la main sur She-Demons of the Black Sun (2006) ou Purple Glow (2005) dans certains clubs vidéo spécialisés du Québec et des États-Unis.

Une passion pour l'horreur
L'horreur, Sv Bell est tombé dedans quand il était petit. Au début des années 80, il a dessiné des bandes dessinées, puis a réalisé une cinquantaine de pochettes de groupes heavy metal. «C'était toujours une imagerie assez agressive et féroce. Il y avait beaucoup d'horreur dans le type d'images que je faisais.» Puis, il a eu le coup de foudre pour la caméra lorsqu'il a travaillé à la réalisation d'un premier vidéoclip.

Il a rapidement entrepris d'écrire ses propres scénarios avec les ressources disponibles dans son entourage. «Au début, je faisais plus d'exploitation, je trouvais tous les prétextes pour montrer des créatures et des filles à l'écran, sans rien cacher. Aujourd'hui, j'essaie plus de raconter une histoire que de montrer des prouesses ou des bibittes.»

Pas besoin d'investir une fortune pour réaliser un court métrage, selon Sv Bell, qui reste secret sur les sommes investies. «Moins d'un million», assure-t-il cependant. Qui paie la note? «En ayant plusieurs films à vendre, cela fait une manne qui génère des revenus.» De l'argent qu'il réinvestit aussitôt dans les productions suivantes.

Pour son prochain film, Crawler, sa plus grosse réalisation avec des comédiens professionnels et un «vrai décor». Il raconte l'histoire d'un bulldozer sur un champ de construction qui s'avère être une créature organique et meurtrière. «Faire un film avec des bulldozers, il y a deux ans, ç'aurait été impensable, inabordable et je n'aurais pas su comment m'y prendre», constate-t-il.

Le tournage de ce nouveau thriller d'horreur débutera cet été à Montréal et la sortie du film est prévue pour novembre, à temps pour la prochaine grosse foire du cinéma à Los Angeles.

À moyen terme, Sv Bell aimerait abandonner son boulot de jour pour se consacrer à temps plein au cinéma. Au train où vont ses affaires, parions que ce scénario «d'horreur» pourrait se concrétiser plus rapidement qu'il ne souhaite. Au grand bonheur des adeptes du genre.

Infos: blackflagpictures.com et www.crawler-movie.com