Comme Obélix dans la potion magique, Thomas Langmann est tombé dans marmite du cinéma lorsqu'il était tout petit. Fils du réputé réalisateur et producteur Claude Berri (Jean de Florette), le jeune homme a de qui tenir.

À 36 ans, Langmann s'est attaqué à un gros morceau du patrimoine français, avec la coréalisation (avec Frédéric Forestier) d'Astérix et Obélix au Jeux olympiques. À plus de 100 millions $, le film le plus cher de l'histoire du cinéma français, Langmann ne voulait pas d'un simple péplum de carton-pâte. Il désirait rien de moins qu'une super production à l'image de la passion qu'il porte encore pour la bande dessinée. Astérix et Obélix méritaient ce qu'il y a de mieux, avec une multitude d'effets spéciaux, de gags visuels et une sortie pan-européenne, en janvier, sur plus de 6000 écrans.

«Quelque part, Astérix c'est toute mon enfance, avec les albums de Tintin et de Lucky Luke. Mais Astérix demeure mon favori», explique Langmann, l'un des grands responsables de la transposition au grand écran des célèbres Gaulois, à titre de producteur associé des deux premiers épisodes, Astérix et Obélix vs César (Claude Zidi, 1998) et Astérix & Obélix : Mission Cléopâtre (Alain Chabat, 2000).

«On me considérait trop jeune pour réaliser les deux premiers épisodes. Pour le troisième, c'est un peu un hasard. Uderzo (le coauteur de la bande dessinée, ndlr) n'en voulait pas. On est quand même revenus à la charge avec une offre où Alain Delon jouait le rôle de César. Il a adoré l'idée. Sauf que Delon, lui, n'avait pas encore dit oui... Il a fallu un miracle et ce miracle a eu lieu.»

Distribution éclectique

La distribution d'Astérix et Obélix au Jeux olympiques n'a pas été facile à mettre sur pied. Une palette de personnalités et d'acteurs européens se sont retrouvés sur le plateau : les Français Clovis Cornillac, Gérard Depardieu et Alain Delon, l'Italienne Vanessa Hessler, le Belge Benoît Poelvoorde, sans oublier le Québécois Stéphane Rousseau et une foule de caméos de sportifs de renom (le pilote de Formule Un Michael Schumacher, le joueur de foot Zinedine Zidane, le joueur de basket Tony Parker et la joueuse de tennis Amélie Mauresmo.

Langmann a même travaillé fort dans les coins pour aller chercher le joueur de foot anglais, maintenant exilé à Los Angeles, David Beckham. «On était à un cheveu de signer lorsque la rumeur des négos est sortie sur Internet. Son agent m'a appelé et m'a dit : «N'annoncez jamais quelque chose tant que vous ne l'avez pas!». Et il m'a raccroché la ligne au nez...»

Delon se rend hommage...
Dans cette bataille d'ego, il est «toujours difficile de plaire à tout le monde», explique Langmann. Le remplacement d'Astérix s'est fait sans en informer Christian Clavier, celui qui l'avait incarné dans les deux premiers films. «Nous voulions avoir notre propre Astérix. On ne lui a jamais proposé le rôle (à Clavier)», mentionne Langmann. Depardieu est irremplacable; les autres, oui.

La pièce la plus importante du puzzle s'appelait Alain Delon, approché pour jouer le rôle de César. Le légendaire acteur n'avait pas tourné depuis un moment. «Tu ne convaincs pas Delon, c'est lui qui est convaincu ou pas. On lui a vendu l'idée en le flattant un peu, en lui disant que son personnage était un hommage à sa propre personne. Il a apporté le scénario pendant ses vacances à l'île Maurice. Un photographe du magazine Voici l'a même croqué en train de le lire, ce qui était bon signe. À son retour, il a accepté. On avait évité la catastrophe...»